-Je ne suis pas un expert, mais son odeur n’a rien de rassurant. Si une poupée sent la charogne, c’est qu’une entité malsaine la possède.
-Pourquoi dites-vous qu’elle empeste? Je n’ai jamais rien senti.
-Le jouet pue seulement lorsqu’on le sort de sa zone de confort.
-Sa zone de confort?
-Oui, lorsqu’un pantin hanté est éloigné de sa maison ou de son âme sœur, il répand une mauvaise odeur.
Je m’approche d’Isabella, renifle et détecte effectivement une odeur nauséabonde qui me coupe l’appétit.
Elle vide l’une de ses dernières boîtes et en sort une marionnette. Cette poupée paraît si réelle… On croirait voir une fillette en chair et en os. Ses jambes et ses bras sont faits d’un étrange matériau, qui ressemble à de la peau. Les attaches fixées aux coudes, genoux et autres articulations sont à peine visibles. Elle porte une robe verte à carreaux, fabriquée à la main. Deux boutons noirs, cousus à la place des yeux, lui donnent une allure à la fois intrigante et effrayante…
-Je vous présente Isabella, mentionne-t-elle fièrement.
Elle tâte l’une des ficelles, Isabella nous fait la révérence.
-Voici Amélia et Emily, tes nouvelles grandes sœurs. Dis-leur bonjour. « Enchantée mesdemoiselles », dit-elle d’une voix aigüe, en interprétant Isabella.