La Créolitude, tenant compte également des travaux d’Éric Maigret (2007), actualise le discours sur la culture, les identités, et tout aussi naturellement celui de la postcolonialité qui vise à instaurer un regard critique : en effet, les fondateurs du « postcolonial theory» proposent une autre façon, effectivement – que bipolarisée, européocentrée -, de penser le monde, à partir d’un questionnement sur la définition de l’identité, et la mondialisation au cœur de la conjoncture et les débats contemporains en France, et dans le monde. Son discours universaliste est également transposable à d’autres espaces : anglophone, lusophone. C’est dans le cadre de cette vision poststructuraliste que la Créolitude s’intéresse à croiser la question des cultures populaires et celle des minorités racisées, en particulier celle des Noirs.
...Le tout-monde, c'est Édouard Glissant, ce n'est pas le cosmopolitisme, absolument pas le cosmopolitisme, qui est un avatar en négatif de la Relation. Ce que fait le tout– monde, c'est la poétique elle-même de cette Relation qui permet de sublimer en connaissance de soi de tout, à la fois la souffrance et l'assentiment, le négatif et le positif.
La créolisation dit qu'on peut parler et vivre créole sans avoir le sentiment de la puissance du créole comme vecteur d'une culture. En se dégageant des contraintes de la syntaxe traditionnelle, l'Afro–créole espère, du libre choc des mots livrés à eux-mêmes, une révélation, si l'on peut dire, surnaturelle.
... l'errance ne peut être "qu'un appel au monde, déplacement, disponibilité igrante et mouvement essentiel". par conséquent, au cœur de l'errance, comme au cœur de la créolisation, l'imprévisible règne [...]
A l'heure actuelle, tous les pays du monde se créolisent. Il n'y en a pas un seul où la culture soit restée une culture pure.