Jonathan P. Phillips

Une fois de plus, au cœur de l'hiver, le ravitaillement s'avéra difficile, et Foucher de Chartres note : " Nos hommes eurent à supporter tous les maux de la faim. Je ne puis redire sans horreur comment plusieurs des nôtres, transportés de rage par l'excès du besoin, coupèrent un ou eux morceaux de fesses d'un Sarrasin déjà mort, et, se donnant à peine le temps de les rôtir, les déchirèrent de leurs dents cruelles."

Alors que la bataille faisait rage, l'antipathie entre chrétiens et musulmans s'intensifiait. Un espion égyptien fut capturé puis renvoyé (par une catapulte) vers ses coreligionnaires ; les défenseurs ripostèrent en crachant et en urinant sur des croix.

L'abbé fut inébranlable : il fallait un exemple pour impressionner tous les ennemis de l'Eglise. Il prononça calmement l'une des phrases les plus glaçantes de l'histoire de l'Occident médiéval, ces mots qui devaient sceller le sort de milliers d'innocents : "Tuez-les tous. Dieu reconnaîtra les siens."
Après ce décret impitoyable, le massacre démarra.