Peut-être tout roman devait-il commencer ainsi : "C'était le meilleur et le pire des temps", car chaque être humain, dans chaque société, vivait sans doute à la fois dans le meilleur et le pire des temps. Jamais il n'y avait un moment où on ne pouvait pas se dire que l'avenir serait marqué par plus d'insouciance et de justice que le présent, et en même temps, on était toujours habité par cette idée que le passé avait dû être plus beau, plus originel, plus précieux, plus authentique. Comme le marché : pour les écrivains, les philosophes, les informaticiens, les scientifiques et les hommes politiques, l'avenir et le passé étaient des denrées fluctuantes, qui pouvaient faire l'objet de spéculations, qu'on pouvait envisager de mille et une manières. Rien n'est plus imprévisible que le passé.