José Varela

J'ai beau fouiller dans ma mémoire, dès que je pense avoir une piste, c'est le voile noir. L'ai-je caché au début ou à la fin de mon aventure? Dans une maison, dans un champ, dans une forêt? En l'air ou sous terre? Je ne sais pas. Que s'est-il passé dans ma tête?
Je regarde pendant des heures, dans l'espoir qu'ils me parlent, les indices que j'ai découverts à la clinique, dans mes affaires : ce ticket de métro que j'ai depuis le début dans mon portefeuille sur lequel est écrit de ma main au crayon à bille : SATELLITE SIDERAL PIED DU CAP. Et ce bout de ficelle auquel j'ai fait deux nœuds plats séparés d'un mètre environ. Je sais qu'il s'agit là de signes mnémotechniques que j'ai composé le jour où j'ai caché le trésor, mais je n'en comprends ni les tenants ni les aboutissants. Je le regrette évidemment.
Cela m'ennuie pour la maquette et les disquettes. Cela m'ennuie aussi pour moi. C'est pourquoi, plutôt que quelqu'un puisse, au cas où l'on retrouverait pas les disquettes, me soupçonner d'intelligence avec l'ennemi, plutôt que ce bijou ne soit perdu à jamais, j'ai demandé aux Editions Jean-Claude Lattès de publier mes cahiers afin de proposer au public de rechercher ce trésor. Et, au cas où quelqu'un le découvrirait, je lui donne en récompense cette maquette du satellite Télécom 1 en or massif réalisée par Cartier que m'a offerte le grand patron de Matra. A condition toutefois qu'il renvoie les disquettes d'ordinateur à mon éditeur. Un Cartier en or de trois cent mille francs c'est une belle récompense, mais après tout, l'honneur de Phil Météor ne les vaut-il pas ?

Vous avez donc tout compris : si vous découvrez ce trésor, il est à vous. Bonne chance, et avant de vous mettre en chasse, un bon conseil : Méfiez-vous des magiciens et des espions (poil au citron).

Paris.
Avril 1985.

On m'a volé mes yeux, mon pote. Je ne vois plus. Je suis aveugle, tu comprends ?