Josef Pieper

Une réflexion sur la fête, son origine, sa raison et son devenir que j'ai trouvé très intéressante et pleine de bon sens.

Plus d'une fois je me suis arrêté pour réfléchir aux idées et conclusions de Josef PIEPER car j'y ai trouvé de grandes vérités et des questionnements perspicaces.

Si j'ai trouvé la préface très vive et entrainant, le texte principal m'a cependant parfois donné un peu de difficulté en cela qu'il y avait des points de lecture un peu lourd, des tournures de phrases gênantes.

Restons honnête, même si c'est pour moi important de réfléchir à notre état d'animale sociabilisé et parfois cérébré, je ne lis pas des textes de philosophie tous les jours.

Ceci pouvant expliquer cela.

En tous cas, ce fut une bonne lecture que je serai ravie de partager



Merci encore au Éditions Salvator et à Babelio pour cette découverte des pensées de Josef PIEPER

Surtout, grâce à sa si bonne préface, j'ai maintenant bien l'intention de découvrir les textes de Fabrice HADJADJ

Alors, on va parler un peu crument, mais de manière générale, beaucoup pensent que la philosophie c'est "de la branlette intellectuelle". C'est un peu l'art de prendre une notion ultra simple et de la retourner dans tous les sens pour la rendre incompréhensible. L'art de compliquer les choses, en gros !



On va pas se mentir, oui, c'est le cas par moment ! Mais là, pour cet essai là, je ne suis pas d'accord. Un passage en particulier m'a vraiment marqué : si on me demande si je connais le sens du mot fête, bien sûr que je vais répondre par l'affirmatif, mais si on me demande de le définir, là, ça devient un peu + complexe.



On peut penser que faire un essai sur la notion de fête, ça reviendrait à défoncer des portes ouvertes, mais finalement, on se rend compte que l'on a beaucoup de choses à apprendre, et qu'il suffit de peu (une théorie, un exemple...) pour nous permettre de voir tout ça sous un nouvel angle.



Sociologie, histoire, philosophie... L'auteur utilise tant de domaines pour explorer la notion de fête qu'on se retrouve avec un bel état des lieux !



Le seul petit bémol que je pourrais apporter, c'est que ce n'est pas forcément une lecture accessible à tous. Sans être ultra élitiste, je pense que les néophytes dans le domaine de la philo pourraient avoir un peu de mal.

Dans ce court traité, le philosophe Josef Pieper présente comme l'indique le sous-titre une théorie de la fête et répond avec beaucoup de clarté à la question : qu'est-ce que le concept de fête. La réponse est lumineuse au cœur de son ouvrage : "à proprement parler, c'est encore trop peu de dire que le consentement au monde est une simple condition et un préalable de la fête. Il est à vrai dire bien plus que cela : sa substance même. Dans son noyau essentiel, la fête ne consiste en rien d'autre qu'à vivre ce consentement". Pour Pieper "célébrer une fête signifie : célébrer le oui au monde", et l'auteur d'expliciter cette affirmation en délogeant de notre quotidien ce qui n'est pas réellement une fête et ce qui caractérise une fête pour la distinguer d'une fausse-fête.

Josef Pieper comme dans l'ensemble de son œuvre de faire appel à la philosophie classique, mais aussi contemporaine, ainsi qu'à l'histoire et à l'anthropologie, et conduit sa réflexion à l'aune de sa foi catholique sans jamais vouloir faire œuvre de théologien. Deux chapitres font particulièrement appel à l'histoire : dans un premier Pieper rapporte les fêtes de la Révolution française, et dans un second le lecteur (re-)découvre l'histoire de la fête du 1er mai.

Les dernier mots de l'auteur traduisent une très belle attitude philosophique : "De telles réflexions nous conduisent très au-delà d'une théorie philosophique de la fête. La limite est atteinte où le philosophe est appelé à se taire. Mais il ne serait pas étonnant que ce silence rende possible une autre écoute - une écoute de ce qui en dit plus que la philosophie."

Comme le rappelle Fabrice Hadjadj dans la préface (préface qui a elle seule est d'un grand intérêt), l'ouvrage parle directement à notre société où la fête peut devenir un diktat comme l'a mis en évidence Philippe Murray en parlant de l'homo festivus festivus. En se souvenant que l'édition originale allemande de l'ouvrage date de 1963, le lecteur comprend que Pieper ne fait pas seulement œuvre de philosophe, mais de prophète en donnant par avance un instrument pour lire et comprendre notre actualité. Il reste à souhaiter que d'autres ouvrages mettront à disposition du lecteur francophone les écrits de Pieper qui restent encore inédits.