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Critiques de Joseph Ferenczi (27)
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Marc Jordan, tome 25 : La vengeance de Pépita

Marc Jordan ou « Les exploits surprenants du plus grand détective français » est une série de 62 fascicules de 32 pages, double colonne, contenant des récits plus ou moins indépendants d’environ 18 000 qui fut créée en 1907 pour surfer sur le succès des traductions de la série américaine « Nick Carter ».



Ce sont les éditions Ferenczi, qui jusqu’alors, s’essayaient aux récits érotiques et avaient des problèmes avec la censure et la justice, qui publient cette série entrant ainsi de plain-pied dans le monde particulier et appelé à devenir foisonnant, du fascicule policier dans lequel elles se montreront prolifiques et importantes…



Marc Jordan est donc tout naturellement une copie francisée de Nick Carter, les personnages sont analogues, le genre littéraire également et les présentations et formats sont très proches.



Le ou les auteurs de la série « Marc Jordan » n’ayant pas signé les textes, nous ne savons pas à qui les attribuer même si certains évoquent le nom de Jules de Gastyne…



Les illustrations de couverture, elles, sont signées Édouard Yrondy.



« La résurrection de Marc Jordan » est le 26e épisode de la série et est la suite directe du précédent, « La vengeance de Pépita ».



Marc Jordan a-t-il péri dans l’incendie de la maison dans laquelle il s’est jeté tête baissée pensant pouvoir y trouver le comte Cazalès et Pépita la Rouge ? C’est la question sur laquelle le précédent épisode nous avait laissés.



Sachant que cet épisode est le 26e sur 62 et qu’il est titré « La résurrection de Marc Jordan », on se doute bien de la réponse.



Effectivement, Fil-en-Quatre parvient à tirer son maître des ruines dans lesquelles il a survécu grâce à une vieille citerne remplie d’eau qui avait été enfouie sous la terre de la cave dans laquelle il avait été enfermé (il a du bol, Marc Jordan).



À peine remis, il décide de répondre à la lettre d’un jeune homme incarcéré pour le meurtre sauvage de sa tante, clamant son innocence. (Il est fort, ce Marc Jordan).



L’entretien avec le prisonnier qu’il parvient à obtenir le convainc de sa sincérité et il décide de trouver le véritable coupable…



À peine Pépita la Rouge et le comte Cazalès réapparaissent-ils que déjà ils s’enfuient alors que je n’ai cessé de réclamer leur retour, assurant que Marc Jordan a besoin de bandits à sa hauteur pour briller. Dans les petits crimes, l’intérêt devient moindre, du fait que cette série d’aventures policières ne repose jamais sur la qualité des intrigues et donc qu’il faut de l’action et du rythme, deux éléments qui disparaissent un peu trop dans les enquêtes banales.



Malheureusement, on constate une nouvelle fois le bien fondé de mes reproches puisque cet épisode s’avère moins prenant que le précédent du fait de la faible portée de l’enquête.



Regrettable donc, même si, il faut bien l’avouer, le récit est tout de même plaisant à lire, mais bien moins exaltant que lors des luttes entres les grands ennemis. D’autant que dans les petits crimes, les lieutenants du détective sont systématiquement absents déjà que, dans les grandes confrontations, certains sont très en retrait comme l’Assommeur ou Olivier…



On constatera que cet épisode, qui est la suite directe du précédent s’arrête également en suspend, obligeant le lecteur à enchaîner avec l’épisode suivant, « L’homme aux moustaches cirées »…



Au final, un épisode qui démarre fort, qui se poursuit mollement, pour s’arrêter sur un nouveau rebondissement et un nouveau danger. Plaisant à lire malgré tout.
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Marc Jordan, tome 27 : L'homme aux moustach..

Comment évoquer Marc Jordan sans me répéter ? Difficile me direz-vous (surtout si vous avez lu mes 26 précédentes chroniques sur les 26 précédents titres de la série)…



Marc Jordan est détective de la littérature populaire fasciculaire né en 1907 pour faire concurrence à son homologue américain, Nick Carter, dont les aventures traduites déferlaient sur toute l’Europe depuis mois.



Nick Carter enquêtait depuis une vingtaine d’années outre-Atlantique et son succès ne se démentait pas (il vécut en tout plus de 1000 aventures jusque dans les années 1950-1960).



Marc Jordan, bien que très proche de son confrère, autant dans les traits du héros, que dans les personnages secondaires, le style et le genre littéraire, mais aussi dans le format (fascicule de 32 pages, double colonne avec illustration couleur en couverture) ne fut pas aussi résistant, 62 enquêtes suffirent à l’émousser.



Mais la série fut l’occasion pour les éditions Ferenczi de s’essayer au format fasciculaire et au genre policier, deux éléments qui firent leur succès par la suite jusqu’à la fin des années 1960 et dans lesquelles elles furent très prolifiques.



« L’homme aux moustaches cirées » est donc le 27e épisode de la série dont l’auteur est inconnu puisque les épisodes n’étaient pas signés.



Fil-en-Quatre, le lieutenant préféré du détective Marc Jordan est tombé dans un piège, c’est du moins ce que vient lui annoncer l’Assommeur pendant que Lagingeole (deux autres affidés de Marc Jordan) suit la piste de son malheureux coéquipier.



Même si Marc Jordan avait autre chose à faire que de sauver le minot, puisqu’il était chargé d’innocenter un jeune homme incarcéré pour le meurtre de sa tante, il n’a d’autre choix que de se lancer à l’aventure (il faut dire que Fil-en-Quatre vient de lui sauver la peau alors qu’il avait été enfermé dans une maison incendiée par Pépita la Rouge et le comte de Cazalès).



Et, il n’y a pas de doute, le rapt de Fil-en-Quatre est encore à mettre sur le compte des deux ignobles individus qui cherchent par tous les moyens à le détruire.



On retrouve donc nos personnages là où le précédent épisode les avait laissés, c’est-à-dire quand l’Assommeur vient prévenir Marc Jordan de la disparition de Fil-en-quatre.



Voilà déjà plusieurs épisodes qui s’enchaînent, chacun terminant sur un rebondissement à suivre et il semble que cela devienne la nouvelle ligne éditoriale de la série, car le phénomène sera encore reprit dans les prochains épisodes.



Le procédé est un peu gênant pour qui ne possède pas tous les épisodes, ce qui ne devait pas être un souci à l’époque, mais qui le devient aujourd’hui tant sont difficiles à trouver ces fascicules qui, en plus de 100 ans, ont presque tous disparu.



Mais revenons à l’épisode.



Si Pépita la Rouge et le comte de Cazalès refont surface, c’est de façon très épisodique, juste pour mettre en place le rebondissement, puisque Marc Jordan ne tarde pas, après avoir sauvé (ou non, je vous laisse le suspens) Fil-en-Quatre, à reprendre le cours de son investigation pour sauver le jeune homme injustement incarcéré pour le meurtre de sa tante.



Malheureusement, du coup, on retrouve Marc Jordan aux prises avec des criminels communs et donc dans une enquête commune qui, par conséquent, et comme à chaque fois qu’il se retrouve dans cette situation, donne un récit pas désagréable à lire, mais qui manque un peu de rythme et d’action (le suspens ne faisant jamais partie de la série).



On peut donc accorder à cet épisode les mêmes qualités et les mêmes défauts qu’à tous ceux dans lesquels le comte de Cazalès et Pépita la Rouge ne sont pas présents, ou peu.



Par contre, je dois avouer que le procédé du rebondissement final pour engager le lecteur à lire l’épisode suivant me dérange un peu (beaucoup, même, car je ne possède pas tous les épisodes).



Au final, un épisode agréable, mais qui manque un peu de punch, de rythme, d’action, pour la série.
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Marc Jordan, tome 18 : Le mystère de la chamb..

« Le mystère de la chambre mauve » est le 18e épisode de la série de fascicules 32 pages, double colonne contenant des récits indépendants d’environ 20 000 mots : « Marc Jordan, exploits surprenants du plus grand détective français », que je nommerai désormais simplement « Marc Jordan ».



Publiée dès 1907, par les éditions Ferenczi, pour surfer sur le succès des récentes traductions ayant débarquées dans l’hexagone des aventures du détective américain Nick Carter (qui gagnait en succès dans son pays depuis près de 20 ans et qui continuera pendant encore près d’un demi-siècle), cette série comporte 62 épisodes dont l’auteur ou les auteurs sont demeurés inconnus à ce jour.



Si « Marc Jordan » se révèle un plaisant clone de Nick Carter naviguant, lui, dans des milieux plus francophones, entourés de fidèles lieutenants aux noms plus français (Fil-en-Quatre, l’Assomoir, Lagingeole, Léonnec, Ferréol, Cœur d’Ours – qui n’a pas duré, le pauvre), c’est avant tout par son statut de première double incursion des éditions Ferenczi dans le monde du fascicule et du genre policier que la série se doit d’être connue et reconnue.



Effectivement, tout amateur de littérature populaire policière ne peut ignorer toute l’importance des éditions Ferenczi dans ce domaine, depuis cette série jusqu’au milieu des années 50, abreuvant les lecteurs assoiffés d’aventures trépidantes de milliers de titres disséminés dans diverses collections.



Des auteurs depuis renommés ont d’ailleurs signé quelques-uns de ces titres comme, par exemple, Georges Simenon, sous divers pseudonymes, ou bien Léo Malet.



Mais revenons au titre du jour.



Une jeune belle et riche comtesse est retrouvée pendue dans sa chambre, chambre fermée de l’intérieur par un verrou.



La justice conclut logiquement au suicide et le permis d’inhumer est accordé au mari, mais, le jour de l’enterrement, le frère de la victime débarque en accusant son beau-frère du meurtre et en réclamant une autopsie.



Pour prouver ses accusations, il fait appel à Marc Jordan qui va devoir découvrir s’il y a bien eu meurtre et comment !



Meurtre ? Suicide ? Telle est la question... telle serait la question si l’auteur ne donnait pas la réponse très vite, trop vite et si, en plus il ne laissait guère de doute sur l’identité du coupable, nous privant ainsi d’un suspense, certes, illusoire, mais sûrement plus agréable que la certitude affichée.



Heureusement, si l’identité du meurtrier (puisque meurtre il y a) est connue, ainsi que le mobile, encore reste-t-il à Marc Jordan, l’extraordinaire détective, à trouver comment le criminel a agi pour perpétrer son meurtre en chambre close.



Et c’est là que peut être l’intérêt du récit avec cette incursion dans un sous-genre du roman policier : le crime en vase clos.



On sait que tous les grands et moins grands écrivains (ou presque) de romans policiers se sont essayés à ce sous-genre particulier.



Depuis Edgar Poe et son « Double assassinat dans la rue Morgue » on ne compte plus les tentatives, qu’elles proviennent de la part de Conan Doyle (« Le signe des quatre » le premier et non le seul de l’auteur), Edgar Wallace, John Dickson, Car, Agatha Christie, ou encore Gaston Leroux avec le mythique « Le mystère de la chambre jaune » (paru probablement juste avant cette enquête de Marc Jordan).



Mais si, pour les auteurs de romans policiers, le « Meurtre en chambre close » est un incontournable, ceux parodiant les « polars » n’hésitent pas, également, à s’y essayer : Alphonse Allais (même si je ne retrouve pas le titre), Alfred Mortier dans « Le Complice », une enquête de l’Inspecteur Mic, Léon Groc, « Le drame de la chambre noire », une enquête de Stan Kipper...



On pouvait donc espérer que Marc Jordan déploierait toute son ingéniosité pour découvrir la façon dont avait procédé le meurtrier et toute son adresse pour apporter les indices permettant de le faire condamner.



Il n’en sera malheureusement rien puisque, tout comme pour le crime et l’identité du criminel, en ce qui concerne la façon de procéder, l’auteur fait tourner court le système, rendant son détective un peu trop clairvoyant, celui-ci devinant immédiatement le procédé et découvrant presque aussi rapidement les indices...



Il ne reste plus qu’au lecteur à suivre cette enquête sans déplaisir, mais avec un certain détachement puisque se sentant un peu floué sur un contenu prometteur.



Effectivement, le titre évocateur laissant présager d’un crime en vase clos, le lecteur amateur de ce sous-genre pouvait se lécher les babines avant même de débuter sa lecture.



Pour le coup, il sera déçu. Dommage.



Dommage d’autant que, même sans lire cette enquête sous le prisme du meurtre en vase clos, force est de constater que l’intrigue simpliste n’est pas aidée par une écriture un peu en deçà d’ordinaire.



Je n’oserai pas dire que les autres aventures de Marc Jordan sont suprêmement écrites, mais celle-ci souffre de nombreuses répétitions facilement évitables qui nuisent à la bonne lecture.



Que reste-t-il alors ?



Bah, comme pour les précédentes enquêtes, à espérer que le comte Cazalès et Pépita la Rouge reviennent très rapidement en France pour relancer l’intérêt de la série, car, décidément, les petits crimes et les petits assassins font les petits épisodes de Marc Jordan.



Au final, un épisode décevant tant par le fait que l’auteur base son intrigue sur un meurtre en vase clos sans profiter de tous les avantages de suspens du genre que par le style un peu faiblard.
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Marc Jordan, tome 15 : Une étrange disparition

« Une étrange disparition » est le 15e épisode des aventures de « Marc Jordan », une série, à la base, de fascicules de 32 pages, double-colonne contenant, chacun, un récit indépendant d’environ 20 000 mots et qui a été publiée en 1907 par les éditions Ferenczi.



Pour replacer la série dans son contexte, il faut savoir que celle-ci fit suite à l’immense succès des aventures de Nick Carter, un détective américain qui, après avoir passionné les lecteurs d’outre-Atlantique depuis près de 20 ans, voyait ses traductions envahir avec autant de succès les pays d’Europe, dont la France, par l’intermédiaire des éditions Eischler.



L’auteur de la série demeure à ce jour inconnu.



Il est à noter que cette parution fut l’objet de la première incursion des éditions Ferenczi, dans le domaine du fascicule ainsi que dans le genre policier qui firent, l’un et l’autre, par la suite sa gloire et lui confère, aux passionnés de littérature populaire, un statut d’éditeur culte.



Une chanteuse a mystérieusement disparu de sa chambre d’hôtel. Ses draps sont retrouvés tachés de sang, le mobilier a été retourné et des objets ont été volés.



Pourtant, même si les journaux de la région de Bordeaux s’accordent pour dire qu’il s’agit d’un assassinat et s’évertuent à chercher le corps un peu partout, Marc Jordan, lui, est persuadé qu’il s’agit plutôt d’une fugue.



Aussi, quand il va être sollicité pour résoudre l’enquête, est-ce sur cette seconde hypothèse qu’il va se lancer...



On pourrait faire à ce 15e épisode peu ou prou les mêmes critiques que pour les quelques épisodes précédents (depuis que Marc Jordan n’a plus à affronter la bande du comte Cazalès et de Pépita la Rouge).



En effet, on constate que ces dernières aventures manquent cruellement d’aventures, justement, et d’action, les intrigues se concentrant plus sur des mystères à résoudre qui, normalement, requièrent une part d’investigation.



Seulement, ni le personnage, ni le style, ni le format, ne permettent au texte de s’épanouir dans cette voie.



Sur un format si court (ici, pas même 18 000 mots), et dans une série au long court, il est préférable de plonger dans l’action que dans la réflexion, car cela apporte moins de temps mort d’autant la concision inhérente à ce format court ne permet pas d’installer une ambiance et des personnages.



C’est une nouvelle fois le cas avec cette enquête qui, comme la précédente, se résout très rapidement, laissant à l’auteur quelques pages à noircir, ce qu’il fait, comme dans le récit précédent, en nous contant les confessions d’un des protagonistes de l’histoire.



Cette méthode permettant de façon factice et facile d’allonger la sauce, passe sur un épisode, mais sur deux d’affilés, ou plus, cela lasse un petit peu.



Heureusement, pour les lecteurs, plus encore d’aujourd’hui que d’hier, l’intérêt de cet épisode réside plus dans les inspirations de celui-ci (ce qui l’a inspiré et celui qu’il a inspiré) que dans le texte lui-même.



Effectivement, il est indéniable que « Une étrange disparition » publié probablement au début 1908, est très inspiré d’un fait divers, la mystérieuse disparition de l’abbé Delarue, curé de Châtenay dans le canton d’Auneau.



Le 24 juillet 1906, l’abbé Delarue, parti d’Étampes à vélo, disparu mystérieusement, sur la route le menant à Châtenay.



La police ne réussissant pas à résoudre l’enquête et à retrouver l’abbé, ou son corps, la presse s’empara de l’affaire et en fit ses choux gras.



Notamment le journal Le Matin, qui organisa des battues, embaucha des trappeurs, offrit une prime de 1000 francs à qui retrouverait l’abbé mort ou vif, ce qui attira tous les détectives, fakirs, devins, cartomanciennes de la région... allant même jusqu’à requérir les dons d’une hyène capable de retrouver les corps enfouis sous terre :



http://www.corpusetampois.com/che-20-edmondfrank19060825curedechatenay.html



Au final, l’abbé n’était ni mort ni enlevé, il avait juste fugué avec une jeune paroissienne qu’il avait engrossée, ce qui n’empêcha pas, par la suite, aux journaux de noircir des pages avec les confessions des uns et des autres...



L’auteur de l’épisode de Marc Jordan ne cache d’ailleurs pas son inspiration en évoquant une disparition récente et proche d’un abbé ni même de l’utilisation d’une hyène dans son texte.



La seconde inspiration est à rechercher dans le sens inverse : non pas le fait ou le texte qui a inspiré l’épisode, mais le texte inspiré par l’épisode.



Pour cela, il faut avancer de presque 30 ans et se plonger dans la série « Marius Pégomas » de Pierre Yrondy.



En effet, l’antépénultième épisode de cette série, « Une atroce machination », se trouve être très inspiré (pour ne pas dire plus) de « Une étrange disparition ».



Même sujet, une disparition d’une cantatrice dans sa chambre d’hôtel. Lit défait, sang sur les draps (qui s’avère, dans les deux cas, du sang de lapin), époux avare et jaloux.



Dans les deux cas, il s’agit, en fait, de la fugue de l’épouse qui cherche à fuir le joug de son mari qui n’en veut qu’à son argent. Pour ce faire, aidée par son amant, elle fomente sa disparition pour se réfugier dans une maison isolée...



Au final, un épisode un peu mou, qui offre plus d’intérêt dans ses inspirations et celles qu’il provoquera que dans son récit lui-même...
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Marc Jordan, tome 26 : La résurrection de Mar..

Marc Jordan ou « Les exploits surprenants du plus grand détective français » est une série de 62 fascicules de 32 pages, double colonne, contenant des récits plus ou moins indépendants d’environ 18 000 qui fut créée en 1907 pour surfer sur le succès des traductions de la série américaine « Nick Carter ».



Ce sont les éditions Ferenczi, qui jusqu’alors, s’essayaient aux récits érotiques et avaient des problèmes avec la censure et la justice, qui publient cette série entrant ainsi de plain-pied dans le monde particulier et appelé à devenir foisonnant, du fascicule policier dans lequel elles se montreront prolifiques et importantes…



Marc Jordan est donc tout naturellement une copie francisée de Nick Carter, les personnages sont analogues, le genre littéraire également et les présentations et formats sont très proches.



Le ou les auteurs de la série « Marc Jordan » n’ayant pas signé les textes, nous ne savons pas à qui les attribuer même si certains évoquent le nom de Jules de Gastyne…



Les illustrations de couverture, elles, sont signées Édouard Yrondy.



« La résurrection de Marc Jordan » est le 26e épisode de la série et est la suite directe du précédent, « La vengeance de Pépita ».



Marc Jordan a-t-il péri dans l’incendie de la maison dans laquelle il s’est jeté tête baissée pensant pouvoir y trouver le comte Cazalès et Pépita la Rouge ? C’est la question sur laquelle le précédent épisode nous avait laissés.



Sachant que cet épisode est le 26e sur 62 et qu’il est titré « La résurrection de Marc Jordan », on se doute bien de la réponse.



Effectivement, Fil-en-Quatre parvient à tirer son maître des ruines dans lesquelles il a survécu grâce à une vieille citerne remplie d’eau qui avait été enfouie sous la terre de la cave dans laquelle il avait été enfermé (il a du bol, Marc Jordan).



À peine remis, il décide de répondre à la lettre d’un jeune homme incarcéré pour le meurtre sauvage de sa tante, clamant son innocence. (Il est fort, ce Marc Jordan).



L’entretien avec le prisonnier qu’il parvient à obtenir le convainc de sa sincérité et il décide de trouver le véritable coupable…



À peine Pépita la Rouge et le comte Cazalès réapparaissent-ils que déjà ils s’enfuient alors que je n’ai cessé de réclamer leur retour, assurant que Marc Jordan a besoin de bandits à sa hauteur pour briller. Dans les petits crimes, l’intérêt devient moindre, du fait que cette série d’aventures policières ne repose jamais sur la qualité des intrigues et donc qu’il faut de l’action et du rythme, deux éléments qui disparaissent un peu trop dans les enquêtes banales.



Malheureusement, on constate une nouvelle fois le bien fondé de mes reproches puisque cet épisode s’avère moins prenant que le précédent du fait de la faible portée de l’enquête.



Regrettable donc, même si, il faut bien l’avouer, le récit est tout de même plaisant à lire, mais bien moins exaltant que lors des luttes entres les grands ennemis. D’autant que dans les petits crimes, les lieutenants du détective sont systématiquement absents déjà que, dans les grandes confrontations, certains sont très en retrait comme l’Assommeur ou Olivier…



On constatera que cet épisode, qui est la suite directe du précédent s’arrête également en suspend, obligeant le lecteur à enchaîner avec l’épisode suivant, « L’homme aux moustaches cirées »…



Au final, un épisode qui démarre fort, qui se poursuit mollement, pour s’arrêter sur un nouveau rebondissement et un nouveau danger. Plaisant à lire malgré tout.
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Marc Jordan, tome 16 : Un chantage infâme

Dans tout art, il existe, à un moment ou un autre, des œuvres charnières.



Dans la littérature populaire policière, l’un de ces pivots est incontestablement la série fasciculaire « Marc Jordan, exploits surprenants du plus grand détective français », un titre un peu long que je résumerai en « Marc Jordan ».



Cette série de 62 fascicules de 32 pages, double-colonne, contenant des récits indépendants d’environ 20 000 mots, a été publiée aux éditions Ferenczi à partir de 1907 soit quelques mois après l’arrivée et le succès dans l’hexagone des traductions d’une série policière, américaine, celle-ci, « Nick Carter », que l’on ne présente plus.



Pour surfer sur ce succès et l’appétence des lecteurs pour ce personnage de détective privilégiant l’action à la réflexion, que l’éditeur se lança dans l’aventure à travers des personnages et des lieux plus français.



L’auteur ? Il est demeuré inconnu bien que certains estiment qu’il s’agirait de l’écrivain Jules de Gastyne.



L’éditeur ? Ferenczi, comme je l’ai déjà dit. Mais c’est là le second point qui fait de cette série, la fameuse « charnière » que j’évoquais.



Effectivement, Ferenczi signe ici sa première incursion dans le genre policier ainsi que dans le monde du fascicule, et quand l’on sait l’importance que les séries policières fasciculaires des éditions Ferenczi prendront par la suite, tant au niveau de la quantité (des milliers de titres) du succès que des écrivains y aillant pris part...



Marc Jordan s’avère donc être le pendant français de Nick Carter et partage avec lui un même format (fascicule 32 pages double-colonne avec le même genre d’illustrations de couverture), un même genre (policier d’actions et d’aventures) et des personnages similaires (un maître détective intelligent, courageux, fort, honnête, droit, qui œuvre pour la justice, aidé par de fidèles lieutenants qui donneraient leur vie pour lui).



« Un chantage infâme » est le 16e épisode de la série.



Le comte reçoit un triple coup au moral. Non seulement il apprend que sa femme l’a trompé il y a longtemps, mais également que son fils n’est pas son fils, mais celui de l’amant de son épouse. En plus, on lui réclame de l’argent pour ne pas que tout ça soit révélé.



S’il tient à sa réputation et à son honneur, c’est surtout au bonheur de ce fils qui n’est finalement pas le sien, mais qu’il aime profondément, qu’il pense. En effet, ce dernier, doté d’une belle situation, s’apprête à épouser une jeune fille de bonne famille. Et s’il venait à apprendre qu’il est un fils adultérin, cela le détruirait et briserait son futur mariage.



Pourtant, il lui répugne de céder au chantage.



Il fait alors appel à Marc Jordan, le célèbre détective.



Devant la dignité, la douleur, mais également l’amour de ce père envers un fils qui n’est pas le sien, Marc Jordan jure de faire plus que possible pour découvrir le maître chanteur et récupérer les correspondances entre épouse et amant que celui-ci menace de rendre publiques...



Comme je l’ai déjà dit dans les précédents épisodes de la série, Marc Jordan, tout comme Nick Carter, d’ailleurs, n’est jamais aussi performant que lorsqu’il a affaire à un génie du crime.



Ainsi, si les aventures de Nick Carter sont bien plus passionnantes quand il est confronté, par exemple, au terrible Docteur Quartz et à sa pupille Zanoni, celles de Marc Jordan, le sont également plus quand celui-ci est lancé à la poursuite du Comte Cazalès ou de Pépita la Rouge.



Malheureusement, après le 9e épisode, les deux Némésis de Marc Jordan ont disparu, probablement à l’étranger.



Depuis, les épisodes sont moins prenants, moins rythmés, moins passionnants.



Bien sûr, la plupart demeurent agréables à lire, mais on sent bien qu’il manque un petit quelque chose.



En fait, Marc Jordan est comme tout bon lutteur, il lui faut un adversaire à sa taille pour briller.



Et force est de reconnaître que le charisme des ennemis, depuis la fuite du Comte Cazalès, laisse à désirer.



Il faut regretter que ce ne soit pas dans cette nouvelle aventure que Marc Jordan va trouver un combattant à sa hauteur.



Bien sûr, il va une nouvelle fois risquer sa vie, mais la lutte sera uniquement physique et trop courte pour vraiment passionner le lecteur.



N’ayant pas beaucoup d’action à se mettre sous la dent, le personnage principal va devoir se contenter d’émotions. L’émotion de ce père qui apprend que le fils qu’il adore n’est pas de lui. L’émotion d’un fils aimant son père et s’apprêtant à épouser la femme qu’il aime. Sa propre émotion devant celles des autres... et même l’émotion du vrai père du fils du faux père... c’est dire.



Et si l’émotion des personnages parvient à perler jusqu’au lecteur, cela ne suffit pas à remplir la mission que tout épisode de « Marc Jordan » doit remplir : action, rythme, dangers...



D’autant qu’avec le rythme un peu en berne, le lecteur a tout le temps de s’épancher sur la plume et, alors, de constater que celle-ci ne brille pas par son génie. C’est un peu le souci de ce genre de récit où l’action, les réactions et les retournements de situation sont privilégiés aux qualités purement littéraires : quand on est moins pris par le texte on n’a pas grand-chose à quoi se raccrocher.



Pour autant l’épisode n’est pas désagréable à lire, mais j’espère vraiment que le comte Cazalès ne va pas tarder à faire son retour en France, pour le plus grand bien de la série.



Au final, un épisode qui pèche par un manque d’action et de rythme mal compensés par une recrudescence d’émotions.
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Marc Jordan, tome 14 : L'énigme du train de B..

Poursuivons la découverte des aventures du célèbre détective Marc Jordan, un personnage très inspiré dans le genre et la forme de celui de Nick Carter, son homologue américain et qui apparut en 1907 justement à la suite de la diffusion et du succès des premières traductions des aventures de Nick Carter, quelques semaines plus tôt (tandis qu’il avait déjà du succès depuis près de deux décennies outre-Atlantique).



« L’énigme du train de Brest » est le 14e épisode de la série publiée, à l’origine, tout comme la série Nick Carter, sous la forme de fascicules de 32 pages double-colonne contenant des récits indépendants d’environ 20 000 mots (deux heures de lecture).



L’auteur de la série est inconnu même si certains estiment qu’elle pourrait être accordée à l’auteur Jules de Gastyne.



Pour information (importante), la série « Marc Jordan » s’avère être la première incursion des éditions Ferenczi, à la fois dans le domaine sériel policier et dans la collection fasciculaire, double élément qui fit par la suite son succès à travers de très nombreuses collections fasciculaires (policières et aventures, mais également sentimentales...)



Marc Jordan s’ennuie depuis que ses ennemis jurés, le comte Cazalès et la terrible Pépita la Rouge, se sont enfuis en Angleterre pour lui échapper.



Les crimes dans le pays, désormais, lui semblent bien fades.



Même l’énigme du train de Brest lui semble bien fade, persuadé, comme tout le monde, que le mystère s’éclaircira quand on aura mis la main sur la personne ayant voyagé dans le même compartiment que le couple défunt.



Mais quand M. Étienne, le chef de la Sûreté, vient demander à Marc Jordan de l’aider, car le fameux voyageur, qui s’est présenté de lui-même à la police, a été mis hors de cause, le détective décide, malgré tout, de se charger de l’affaire.



Il part alors à Brest en compagnie de Fil-en-Quatre, qu’il charge de surveiller Théophile Le Trahirec, le neveu et héritier du vieux couple.



Depuis la fuite du Comte Cazalès et de Pépita, Marc Jordan s’ennuie... et je serais presque tenté de dire que le lecteur avec lui.



Effectivement, les crimes semblent désormais plus fades au détective... et également au lecteur.



La faute à un changement de genre qui ne s’accorde ni avec la plume, ni avec le format, ni avec la cohérence de la série.



Car, tant que Cazalès et Pépita étaient présents, la série s’appuyait sur une dynamique de romans policiers d’actions et d’aventures à la sauce Nick Carter.



Le détective n’avait pas réellement à investiguer, il lui suffisait d’agir contre ses ennemis ou de réagir aux actions de ces derniers.



Ces rebondissements permanents : action – réaction – réaction à la réaction... rythmaient suffisamment le récit pour que le lecteur n’ait pas le temps de réaliser que les intrigues étaient faibles, que la taille du récit était courte, que les personnages étaient quelque peu stéréotypés.



Une fois ces terribles ennemis écartés (provisoirement, espérons-le), Marc Jordan n’a plus à réagir, car il n’est plus attaqué, et a très peu à agir, car l’ennemi n’est pas de la même envergure que les précédents.



Il ne lui reste donc plus qu’à investiguer... et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas besoin de trop se fouler la rate.



Dans le cas présent, un seul axiome est suffisant à résoudre le crime : « Is fecit cui prodest » (et si vous ne maîtrisez pas suffisamment ni le latin, ni le genre policier, je vous invite à taper la phrase dans votre moteur de recherche préféré pour comprendre de quoi je parle).



Quand bien même, une filature, un petit interrogatoire et hop, l’enquête est bouclée.



Seulement, même si l’épisode est un peu moins long que les premiers (même pas 18 000 mots), il reste encore des pages à noircir pour tenir les 32 pages, double-colonne.



Aussi, l’auteur doit-il se résoudre à s’étaler sur la confession du coupable, ou de la coupable, un moyen usuel, mais factice, de combler des vides.



Du coup, l’on se trouve avec un épisode dans lequel Marc Jordan n’a pas grand-chose à faire, Fil-en-Quatre se contente d’une filature et d’un tout petit interrogatoire, Féréol, d’une analyse de sang, et pour les autres (Jarris, Léonnec), c’est le grand néant.



Au final, tout comme le titre précédent, celui-ci s’avère mou, lent et décevant. On a hâte que Cazalès et Pépita pointent à nouveau le bout de leur nez pour épicer à nouveau la série.



N.B. On notera une nouvelle fois l’image pitoyable de la femme dans les récits policiers et que ce constat ne date pas seulement de l’émergence du roman noir à l’américaine dans les années 50, mais qu’il était déjà faisable au début du XXe siècle... et même avant.
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Marc Jordan, tome 24 : La main percée

Je ne cesse de répéter dans mes chroniques que la littérature populaire s’est, de tout temps, nourrie d’elle-même, soit en s’inspirant de récits, de styles, de formats, de personnages, soit en les clonant ou en les parodiant.



Cette assertion n’a jamais été aussi vraie qu’avec la série « Marc Jordan ».



Vraie, car les aventures de « Marc Jordan » sont totalement inspirées de celles de Nick Carter, un détective américain dont le succès perdura entre 1886 et les années 1950-1960.



Vraie, car, en plus de s’inspirer du personnage, du style, la série recopie exactement le format (fascicules 32 pages, double colonne) et la présentation avec le même genre d’illustration de couvertures.



Mais, de cette inspiration, est née un pan majeur de la littérature populaire fasciculaire puisque la série « Marc Jordan » fut l’occasion, pour les éditions Ferenczi, en 1907, de mettre la main, pour la première fois, dans les séries fascicules et dans le genre policier, deux éléments qui firent leur succès par la suite. Et quand l’on connaît l’importance et l’immense production des éditions Ferenczi dans le monde du fascicule policier depuis lors jusqu’à la fin des années 1960…



Mais revenons un peu sur la genèse de la série.



Les aventures de Nick Carter, un détective courageux, fort, intègre, intelligent, perspicace, beau, jeune… n’en jetons plus, la cour est pleine, et souvent épaulé par de fidèles lieutenants, connaissent un immense succès aux États-Unis avant, au début du 20e siècle, de débarquer dans l’Europe entière, grâce à des traductions éditées par Eichler.



Devant cet immense succès, les éditions Ferenczi, qui, jusque là, avaient des démêlés avec la justice et la censure, du fait de naviguer dans un monde littéraire un peu frivole et frippon pour l’époque, se lancent dans la publication d’une série reprenant tous les ingrédients de celle de Nick Carter. Ainsi naît Marc Jordan, un détective français calqué sur son homologue américain au point qu’il soit également aidé par de fidèles lieutenants (Fil-en-Quatre, Férréol, Léonnec, le docteur Jarvis, Langingeole, l’Assommoir… et n’oublions pas le regretté Cœur d’Ours, qui ne dura pas longtemps) et que, lui aussi, a à combattre des génies du crime (le Docteur Quartz et sa filleule Zanoni pour l’américain, le comte Cazalès et sa partenaire Pépita la Rouge, pour le Français). Même format de fascicules, même genre d’illustrations (signées Édouard Yrondy pour Ferenczi). Quant aux auteurs ??? les fascicules n’étant pas signés et les contrats n’ayant probablement pas été retrouvés, il m’est impossible de les citer (certains pensent à Jules de Gastyne, pourquoi pas, mais rien d’assuré).



Si Nick Carter vécut des milliers d’aventures, Marc Jordan, lui, en vécut 62, ce qui est déjà pas mal.



« La main percée » est la 24e enquête du détective.

Marc Jordan est toujours à la recherche de Pépita la Rouge, du moins, Fil-en-Quatre, son fidèle lieutenant, lui, est sur ses traces, mais sans en trouver réellement.



Aussi, en attendant d’en savoir plus, accepte-t-il la proposition du duc de Septmonts qui lui demande de trouver quel est le membre de son éminent club de jeux qui ose tricher. Effectivement, un matin, un employé, en comptant les portées de cartes jetées à la poubelle, découvre qu’il y en a plus que prévu, ce qui démontre qu’un joueur vient avec ses propres portées sur lui pour mieux gagner.



Ne voulant pas d’esclandre, pensant que le démasquage suffira à punir le coupable et qu’il n’y reviendra pas, il demande à Nick Carter d’agir discrètement. Celui-ci, pensant qu’un tricheur reste un tricheur, accepte d’infiltrer le cercle de jeu en se faisant passer pour un garçon de salle.



Sur place, le soir, il voit rentrer un personnage admiré de tous, le marquis de San Stefano, un joueur gagnant régulièrement. En le regardant bien, Marc Jordan se dit qu’il a déjà vu sa tête quelque part, mais où ? Une chose est sûre, un tricheur reste toujours un tricheur…



On l’a souvent remarqué, quand Marc Jordan n’a pas à affronter ses ennemis jurés que sont le comte Cazalès et Pépita la rouge, cela donne souvent un épisode un peu mou. On peut donc craindre pour celui-ci qui va se dérouler, non pas dans les bas quartiers, mais dans un club sélect.



Et l’on fait bien de craindre, car, évidemment, l’aventure manque un peu de rythme, de tension, de suspens, d’action… de piment.



D’autant plus que le lecteur évente un peu trop facilement l’identité du coupable d’autant que la chose repose sur un hasard et une coïncidence que l’on ne souhaite plus retrouver depuis « Candide » de Voltaire, qui remonte tout de même à 1759.



Si jamais le doute vous venait en cours de lecture, le simple rappel du titre suffirait alors à vous assurer que, oui, l’auteur a bien osé se servir d’une telle coïncidence. Alors, oui, le titre date d’avant 1910 et donc on peut excuser un peu la naïveté de cette ficelle, mais tout de même.



Mis à part ça, l’histoire se déroule sans surprise, et, sans être indigente, peine véritablement à satisfaire le lecteur. Heureusement, Fil-en-Quatre nous livre une de ses pitreries qui prêtera à sourire et divertira un peu le lecteur, mais c’est bien la seule parenthèse, si ce n’est enchantée, du moins, agréable, que le récit livrera tant le reste ne propose rien de surprenant ni de transcendant.



Dommage, mais on s’en doutait et on regrette encore plus l’absence de Cazalès et de Pépita. Mais, heureusement, le titre du prochain épisode nous laisse supposer le retour de cette dernière en espérant que celui-ci sera synonyme de redynamisation de la série…



Au final, un épisode qui s’avère dans la lignée de ceux dans lesquels les ennemis jurés du détective n’apparaissent pas, c’est-à-dire, un peu mou et insipide.
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Marc Jordan, tome 23 : Le gant rouge

« Le gant rouge » est la 23e enquête du grand détective Marc Jordan.



« Marc Jordan, exploits surprenants du plus grand détective français » est une série de 62 fascicules de 32 pages, double colonne, contenant des récits indépendants d’environ 18 000 mots.



Cette série est née en 1907 pour surfer sur le succès, depuis quelques mois, des importations en Europe et en France des aventures du détective américain Nick Carter qui passionnaient les foules dans son pays depuis près de 20 ans.



Utilisant le même format de grands fascicules de 32 pages à la couverture illustrée, les deux collections font vivre des personnages très similaires : détective jeune, courageux, fort, intelligent, perspicace, aidé par de fidèles lieutenants et confrontés, parfois, à de diaboliques adversaires qu’ils combattront sur plusieurs épisodes.



L’auteur des Marc Jordan est non identifié puisque les fascicules ne sont pas signés.



Je pense rarement à préciser que toutes les couvertures de la série « Marc Jordan » sont toutes illustrées par Édouard Yrondy.



Le marquis de Ravinet a été égorgé, chez lui, alors qu’il rentrait de son Cercle dans la nuit. Aucun autre indice qu’un gant gorgé de sang, mais, fausse piste, celui-ci appartient à la femme du marquis.



La police officielle piétinant, le jeune fils de 22 ans du marquis fait appel à Marc Jordan pour venger son père.



Rapidement, Marc Jordan obtient des informations sur le marquis qui contredisent son côté austère. Ce dernier aurait eu une maîtresse et allait souvent rendre visite à une diseuse de bonne aventure…



Dans le précédent épisode, le lecteur était content de retrouver Pépita la Rouge, non que celle-ci soit fréquentable, mais surtout parce qu’elle est un ennemi à la hauteur de notre héros.



Effectivement, si les épisodes contant la lutte entre Marc Jordan et ses lieutenants face à Pépita la Rouge et le comte Cazalès sont plaisants à lire, ceux qui voient notre détective confronté à de petits meurtres semblent bien fades.



Du coup, avec le titre de l’épisode du jour « Le gant rouge » et sachant que Pépita la Rouge était parvenu a échappé à Marc Jordan dans le précédent épisode, on était amené à penser que celle-ci serait logiquement présente dans celui-ci. Que nenni ! Fausse piste ! Pas de Pépita, pas de Cazalès, juste un meurtre sordide, mais somme toute assez banal, tout aussi banal que l’assassin et que son mobile.



Marc Jordan se retrouve à nouveau à enquêter sur une affaire qui n’est pas digne de son intérêt et, une nouvelle fois, l’intérêt du lecteur, lui, n’est pas à la hauteur de celui des grandes luttes précédentes.



L’épisode manque d’action et, du coup, de rythme ainsi que d’enjeu.



On se retrouve à lire un épisode qui n’est certes pas déplaisant malgré tout, mais qui n’est pas très emballant non plus.



Dommage pour nous.



Et, comme il y a peu, on en vient à espérer le retour du couple diabolique afin de redonner un peu de rythme et de risques aux aventures de Marc Jordan, le grand détective français dont les exploits, dans ce cas-là, ne sont pas très surprenants.



Au final, un épisode qui manque cruellement de piquant la faute à un crime sans réelle ambition.
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Marc Jordan, tome 22 : Pépita la Rouge à Paris

Un petit résumé des épisodes précédents s’impose.



La série « Marc Jordan, exploits surprenants du plus grand détective Français », plus communément appelé « Marc Jordan » (qui n’a aucun rapport avec le chanteur de boys band) fut créée en 1907 pour surfer sur le succès des traductions des aventures de Nick Carter, le détective américain qui ravissaient les lecteurs américains depuis 20 ans et dont les traductions venaient, quelques mois auparavant, d’inonder toute l’Europe par l’intermédiaire des Éditions Eichler.



L’auteur des « Marc Jordan » (ou les auteurs) est inconnu puisque les fascicules ne sont pas signés.



Mais la série est surtout l’occasion pour l’éditeur Ferenczi de faire sa première incursion dans le monde du récit policier et dans celui du fascicule (un double genre qui fera bientôt son succès pendant des lustres)



Il est rapidement évident, à la lecture des deux séries, que « Marc Jordan » est totalement calqué sur « Nick Carter » aussi bien dans le genre (récit policier d’action), les héros (un détective courageux, fort, intelligent, honnête, droit, épaulé par plusieurs fidèles lieutenants), les méchants (des êtres diaboliques, cruels, suprêmement intelligents et possédant des moyens incommensurables), le format (grand fascicule de 32 pages, double colonne) que les couvertures illustrées.



Pour rappel, Marc Jordan doit lutter contre deux ennemis récurrents qui forment un duo diabolique : une jeune femme belle et cruelle : Pépita la Rouge et son comparse, le ténébreux Comte de Cazalès.



Si dans les premiers épisodes la lutte engagée entre les deux parties était exaltante (toute proportion gardée) depuis que Marc Jordan était parvenu à les faire fuir de France, il faut bien avouer que la série avait un peu perdu de sa superbe.



Mais, ce 22e épisode titré « Pépita la Rouge à Paris » va-t-il redorer le blason du détective ?

Pépita la Rouge est à Paris. C’est certain, Fil-en-Quatre l’a vu monter dans une voiture rouge, le même genre que celle qui a violemment embouti le véhicule dans lequel se trouvait Marc Jordan. Heureusement, celui-ci n’a pas été grièvement blessé. Aussi, il va enfin pouvoir se confronter à nouveau avec la terrible jeune femme et, pour cela, il lance ses lieutenants à la recherche du locataire de la voiture rouge…



Il faut bien l’avouer, à quelques exceptions près, depuis que Pépita et Cazalès s’étaient enfuis de France, Marc Jordan n’avait affaire qu’à de petites enquêtes et, du coup, le lecteur, à de petits récits.



Il était donc temps que Cazalès et Pépita fassent leur retour afin de redynamiser une série qui était devenue un peu plan-plan.



Est-ce un retour gagnant ? Pas totalement, mais cet épisode marque indéniablement la première bataille d’une lutte bien plus plaisante que celles auxquelles la série nous avait habitué ces derniers épisodes.



Mais surtout, cet épisode est la preuve que la série n’est jamais aussi agréable à suivre que lorsqu’elle marche sur les pas de sa consœur américaine. Car, effectivement, ce récit possède tous les éléments de ceux de la lutte entre Nick Carter et le Docteur Quartz et sa terrible pupille Zanoni. On y retrouve les attentats déjoués, le machiavélisme, les subterfuges diaboliques, la chimie, la magie, les rebondissements et retournements de situation et la lutte qui reprend de plus belle lorsqu’on la croit terminée.



C’est dire que le plaisir de lecture est plus grand que dans les derniers épisodes et, j’espère, plus petit que dans les suivants.



Étant donné la fin de cet épisode et le titre du suivant, il y a fort à parier que Marc Jordan va encore avoir du pain sur la planche.



Au final, un récit qui remplit parfaitement son office : une lecture agréable, rythmée, sans prise de tête avec des personnages caricaturaux et manichéens à souhait.
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Marc Jordan, tome 17 : L'amour, le mystère et..

Marc Jordan, malgré le quasi-anonymat dans lequel il est tombé depuis sa création, fut le premier détective de la littérature populaire fasciculaire française.



Créée en 1907, la série de fascicules de 32 pages, double colonne contenant des récits indépendants d’environ 20 000 mots, permet aux éditions Ferenczi, de par sa volonté de surfer sur le succès très récent (quelques mois à peine) des traductions de la série américaine « Nick Carter » d’entrer de pleins pieds dans le monde de la littérature populaire fasciculaire policière.



En effet, c’est la première fois que Ferenczi propose des récits policiers ainsi que de la littérature fasciculaire, le double genre qui fera son succès par la suite pendant des décennies durant lesquelles elle publiera des milliers de fascicules policiers pour le plus grand plaisir des lecteurs à travers de nombreuses collections (« Le Roman Policier », « Le Petit Roman Policier », « Mon Roman Policier », « Police et Mystère », « Police »...)



Quant à l’auteur ou les auteurs de la série, ils nous sont inconnus même si certains y voient la plume de l’écrivain Jules de Gastyne. Sur quels indices s’appuient-ils pour émettre cette hypothèse ?...



Au petit matin, dans la campagne de Seine-et-Oise, des gendarmes découvrent le cadavre du fils du châtelain local, vêtu d’habits de valet et la tempe trouée d’une balle de fusil. Pas d’arme à ses côtés, le crime ne fait aucun doute.



Marc Jordan se désintéresse de ce meurtre somme toute banal à ses yeux jusqu’à ce que le père éploré de la victime vienne le supplier de trouver le coupable.



Devant la douleur du père, Marc Jordan accepte d’enquêter...



Les petits crimes font les petites enquêtes de Marc Jordan...



Cet axiome inventé pour l’occasion fonctionne parfaitement avec la série puisque celle-ci, depuis que Marc Jordan n’a plus à combattre le génie du crime qu’est le comte de Cazalès, a nettement perdu de l’intérêt, du moins, a changé un peu de style.



Là où, avant, le rythme et l’action étaient les principaux composants des récits, depuis lors, ils ont été remplacés en partie par un certain sentimentalisme.



Certes, ce sentimentalisme est en accord avec la littérature de l’époque dont la plupart des récits policiers n’échappent pas à cette « sensibilité » voire à ce côté « fleur bleue » qui fait le charme de ces textes.



Mais encore faut-il que cela ne prenne pas le pas sur les points habituellement forts d’une série, ici : rythme et action.



Or, c’est exactement ce qui se produit dans la plupart des épisodes depuis la disparition du Comte Cazaès et de Pépita le Rouge.



Et c’est ici encore accru par le fait que l’intrigue repose entièrement sur ce « sentimentalisme » exacerbé.



Alors, oui, cela apporte quelques moments d’émotions pour ceux qui auraient l’âme romanesque, mais ce n’est pas vraiment ce que l’on cherche quand on se plonge dans un tel récit.



D’autant que l’intrigue est simpliste, résolue par Marc Jordan avant même de s’intéresser à l’affaire, en évoquant l’axiome « Il faut rechercher la femme » et que l’enquête, elle-même, est réduite à sa portion congrue puisque le coupable est apporté à Marc Jordan sur un plateau par un ami policier présent sur place...



On se dirige alors vers une fin larmoyante, débordante d’émotions et de bons sentiments, qui, comme un gâteau trop sucré, fait plaisir à la première bouchée, mais finit par devenir indigeste.



Au final, vivement le retour du comte Cazalès que Marc Jordan ait enfin une affaire digne de lui à s’occuper.
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Marc Jordan, tome 7 : Le mystère du château de ..

Poursuivons notre découverte des aventures (plus que des enquêtes) de Marc Jordan, le plus grand détective français, né d’une plume encore inconnue (que d’aucuns accordent à l’écrivain Jules de Gastyne) en 1907 avec le 7e épisode nommé « Le mystère du château de Gala ».



Pour resituer la série « Marc Jordan » est la réponse française au succès des traductions de « Nick Carter » débarquée en France quelques mois auparavant.



Ce fut la première incursion des Éditions Ferenczi dans le monde du roman policier ainsi que dans celui de la littérature fasciculaire, les deux piliers de l’immense production à venir de l’un des plus prolifiques éditeurs français de la littérature populaire.



Il n’y a donc rien d’étonnant que les aventures de Marc Jordan suivent point par point, tant scénaristiquement, que narrativement et qu’éditorialement, celles de Nick Carter.



Marc Jordan a été blessé dans sa lutte avec Pépita la Rouge, la terrible acolyte du non moins terrible Comte de Cazalès que le détective pourchasse depuis déjà six épisodes (en clair, le début de la série).



Pépita vient de voler un million à une riche femme, en plus de lui avoir volé et dévoyé son homme. Ce dernier a été arrêté et s’apprête à comparaître devant la justice. Mais Pépita parvient à le faire évader.



Cependant, un des hommes de Marc Jordan, qui furetait dans le coin, parvient à reconnaître Pépita malgré son déguisement et la suit jusqu’à un immeuble dans lequel elle passe pour être la vieille comtesse de Gala. Là, il l’entend prévenir sa concierge qu’elle part pour Brest en train le soir même.



Fier de ce renseignement, le lieutenant de Marc Jordan vient le prévenir, mais, n’étant pas encore assez remis, il ne peut se lancer à la poursuite de la criminelle. Cependant, le docteur Jarris, ami de Marc Jordan et ancien amant, il y a fort longtemps, de Pépita, prend la décision de pourchasser la jeune femme, en compagnie de deux autres lieutenants du détective.



Mais, Marc Jordan, qui connaît Pépita et s’en méfie, demande à ses amis de bien faire attention, que tout ceci peut très bien être un piège.



Il ne sait pas à ce moment à quel point il peut avoir raison...



On retrouve donc Marc Jordan, dans la suite de sa chasse au Comte Cazarès et à Pépita la Rouge et ce malgré sa blessure.



On retrouve également toute la bande, Fil-en-Quatre, Lagingeolle, Léonnec, Ferréol, le docteur Jarris, tous bien décidés à aider le détective au péril de leurs vies.



On retrouve, par la même occasion, le même style d’écriture mélangeant aventures, mystères, rebondissements, le tout mené sans temps mort, recette ayant fait le succès de la série Nick Carter.



Là encore, l’auteur ne se targue pas de faire de la haute littérature, il se contente plutôt de rythmer son récit et d’offrir une aventure agréable à lire en intégrant les mêmes ingrédients dans chaque épisode.



Certes, on se doute que, comme dans les épisodes précédents, les héros vont être proches de mettre la main sur la criminelle, mais que celle-ci finira par s’échapper, permettant à la série de poursuivre le récit de cette chasse dans un autre épisode, puis dans un autre, et un autre... jusqu’à ce que l’ennemi change de face, de nom, mais pas de rage et de machiavélisme.



Si l’on est certain de ne pas s’ennuyer en lisant ces aventures (du moins, pas tant que la répétition du schéma ne devienne lassant, comme dans bon nombre de séries du même genre), on ne sera pas non plus surpris par la plume ou par l’intrigue.



En effet, l’intrigue, dans ce genre de série plus basée sur l’aventure et le rythme que sur le mystère et les rebondissements, reste plutôt légère et sujette à course-poursuite, suivie de traquenard... Mais c’est ce que l’on cherche quand on aborde ce genre de textes.



Les personnages sont ici multiples puisque chaque lieutenant de Marc Jordan est présent (sauf le défunt Cœur d’Ours) et si, chacun a sa spécificité, elle ne sera, ici, d’aucune utilité, chaque homme, excepté le Docteur Jarris et Marc Jordan, pouvant être interchangeable dans cette 7e aventure.



Au final, un épisode qui ne dénote pas des précédents et qui possède les mêmes qualités et les mêmes défauts que les autres. Cependant, l’ensemble est assez plaisant à lire et c’est déjà pas mal.
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Marc Jordan, tome 5 : Le satyre de La Ville..

« Le satyre de Villedieu » est la 5ème épisode de la série « Marc Jordan » qui en compte plus d'une soixantaine et qui fût la toute première série fasciculaire policière à personnage réccurent française.



Ouff, une caractéristique un peu longue et que je dois détailler un peu.



En 1907, époque où fût édité le premier épisode de la série, le succès de l'importation de la série fasciculaire « Nick Carter », provenant des USA, fit naître un tas de clones, tant au niveau du personnage que, surtout, au niveau du format. Ce succès signa l'émergence du format fasciculaire de 32 pages mais également celui du personnage de détective ou de policier. S'en suivirent moults déclinaisons provenant, essentiellement, d'Allemagne d'où l'importation, voire, l'invasion du Maître avait été lancée par les éditions Eichler. Les personnages policiers se succédèrent alors, tous sous le même format, ou presque, tous sous le même modèle, ou presque. Nat Pinkerton (un brin plus "western"), Ethel King (l'équivalent féminin de Nick Carter), Lord Lister, tous débarqués en France dans la foulée.



Mais, des séries de même acabit, nées de plumes françaises, il n'y avait point jusqu'à l'arrivée de Marc Jordan dont, d'ailleurs, l'auteur est demeuré inconnu (viendra quelques années plus tard la série « Miss Boston » d'Antonin Reschal).



Mais « Marc Jordan », en plus d'être la première série policière fasciculaire française est également la première immersion des éditions Ferenczi dans le domaine ce qui rend cette série encore plus intéressante d'un point de vue "histoire de la littérature populaire" tant les éditions Ferenczi, par la suite, auront été omniprésentes dans le monde de la littérature fasciculaire jusqu'à la fin des années 50 et l'émergence du format livre de poche.



Il n'y a rien d'étonnant, donc, à ce que Marc Jordan soit un clone de Nick Carter, tant dans le fond que dans la forme si ce n'est que l'écriture ne souffre pas des approximations de traduction qui nuisaient quelque peu à la lecture des aventures de son homologue américain.



Marc Jordan, toujours sur les traces du comte Cazalès et de Pépita la Rouge, est appelé par un juge d'instruction pour l'aider sur une affaire criminelle. Une fillette a été étranglée et un chemineau a été arrêté mais il semble bien innocent.



Marc Jordan accepte donc de s'occuper de l'affaire et se rend sur place pour enquêter. Très vite, de nouveaux soupçons se porte sur le cousin de la victime, un jeune homme bien sous tous rapports et qui va bientôt se marier avec une belle jeune femme de bonne famille. Mais le détective sent que tout sonne faux dans cette affaire et soupçonne que quelqu'un cherche à faire accuser le suspect.



Histoire plutôt simple, écriture facile, récit linéaire, rythme soutenu, tout est fait pour parfaire au plaisir de lecture... un peu trop, sans doute.



Bien évidemment, il faut remettre la série dans son contexte : les épisodes sont vite écrits, vite publiés, sont chargés de concurrencer ceux des Nick Carter, de fédérer un public plutôt jeune incité par les prix bas des fascicules à se jeter dessus...



Nul ne cherche donc à produire des textes de qualités (ce ne sera, en général, pas l'ambition de la littérature populaire même si elle regorge, malgré tout, d'excellents textes). Peut-être même que la série fut écrite à plusieurs mains, nul ne le saura probablement jamais.



Malgré tout, ou pour cela, l'ensemble se lit d'une traite (il faut dire que le format s'y prête particulièrement : fascicule 32 pages de grande tailles, contenant une vingtaine de milliers de mots).



Il est à noter que, bien que la 1ère de couverture des titres indique que « chaque fascicule contient un récit complet » le ou les auteurs maintiennent tout de même un fil rouge de titre en titre, du moins, pour les premiers, qui est la chasse au comte Cazalès et à ses sbires.



Au final, pas une littérature de grande qualité, mais une série qui se suit sans déplaisir et qui est intéressante du point de vue « Histoire de la littérature populaire »...
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Marc Jordan, tome 21 : Une tragique partie ..

Marc Jordan (pas le chanteur à minettes) est un personnage littéraire créé en 1907 pour profiter du succès des traductions en Europe et en France des aventures du détective américain Nick Carter qui vivait déjà de beaux jours dans son pays depuis des années.



S’il n’est pas forcément le premier détective sériel français et encore moins le seul, il a l’avantage d’être le premier à copier son homologue américain autant dans le fond, le genre que la forme : des fascicules de 32 pages double-colonne à couvertures illustrées en couleurs. De plus, il est également l’occasion pour les éditions Ferenczi, de se lancer pour la première fois dans le genre policier ainsi que dans la littérature fasciculaire, deux caractéristiques qui feront leur succès durant le demi-siècle suivant (jusqu’à l’apparition du livre de poche).



L’auteur de la série est inconnu bien que certains lui prêtent les traits de l’auteur Jules de Gastyne.



« Une tragique partie d’écarté » est le 21e épisode de la série qui en compte 62.



Paris, trois nobles sont retrouvés morts dans des circonstances différentes sans que l’on puisse forcément attribuer toutes ces morts à des crimes. Pour autant, en plus de se connaître, les trois défunts ont été retrouvés avec une carte à jouer dans la poche, un roi différent chacun, provenant du même jeu de cartes.



Intrigué, Marc Jordan va se lancer dans l’enquête, persuadé qu’il s’agit de trois crimes derrière lesquels se cache le même criminel.



Marc Jordan revient enfin sur le devant de la scène après avoir passé deux épisodes quelque peu en retrait.



Un mystère l’attend à Paris, mystère mêlant des personnes de la haute bourgeoisie, ce qui a tendance à irriter le Préfet de Police.



On retrouve donc le détective dans son élément puisqu’il navigue régulièrement dans la haute bourgeoisie ainsi que les bas-fonds, pour une enquête qui, sans être des plus captivantes, a pour le moins l’intérêt de revenir aux fondamentaux de la série.



Pas de grands mystères, pourtant, ni de grandes aventures, l’ennemi n’est pas de la trempe du comte Cazalès ou de Pépita la Rouge (que l’on retrouvera dans l’épisode suivant), mais un récit classique et agréable à lire.



Si la plupart des personnages secondaires sont présents (Léonnec, Féréol, le docteur Jarris, Fil-en-Quatre), ils apparaissent très peu et ne servent pas l’histoire (excepté Fil-en-Quatre), ce qui est bien dommage.



Dommage, car les épisodes de la série ne se reposent jamais sur le suspens (qui n’est pas le genre à la mode à l’époque et que le format ne permet pas réellement), mais sur le rythme et l’action et que l’action est toujours plus rythmée quand les lieutenants de Marc Jordan s’en mêlent.



Au final, un épisode plus agréable que les précédents, du moins, plus dans la veine du début de la série et que l’on espère comme rampe de lancement du prochain qui voit le retour de la terrible Pépita la Rouge.
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Marc Jordan, tome 20 : Le mystère du cap des ..

« Le mystère du cap des mouettes » est le 20e épisode de la série fasciculaires « Marc Jordan », publiée à partir de 1907, aux éditions Ferenczi.



Mais remettons tout d’abord cette série dans son contexte et rendant lui son rôle pivot dans l’immense pan de la littérature populaire qu’elle occupe.



Cette série eut pour volonté de surfer sur le succès des traductions d’une série fasciculaire américaine : “Nick Carter” qui, alors, depuis déjà de nombreuses années, ravissait le jeune lectorat d’outre-Atlantique.



Si Marc Jordan ne fut pas la première tentative française d’un détective calqué sur Nick Carter (on peut accorder cette primauté à Martin Numa de Léon Sazie), la série qui met en scène ses aventures est, par contre, la toute première série française policière à singer parfaitement son homologue américaine, tant dans le genre, les personnages que le format même du support : fascicules 32 pages, double-colonne, couverture illustrée.



Pour ce qui est de l’auteur, celui-ci est inconnu, les récits n’étant pas signés.



Le juge de Cannes a fort à faire : une vieille dame a été assassinée à coup de revolver.



Une femme, témoin de la scène, accuse la fille du douanier, qui passait à ce moment-là en courant, persuadée que le meurtrier est en fait son fils.



Mais, elle est surprise quand elle entend la fille s’accuser du crime alors qu’elle la sait innocente.



Et ce rebondissement n’est que le premier d’une affaire des plus cahotiques...



Un peu comme dans l’épisode précédent, Marc Jordan apparaît une nouvelle fois très peu dans cette histoire.



D’ailleurs, la mise en place du mystère prend les 2 premiers tiers du récit et donc le maître détective n’intervient que dans le troisième tiers et là encore, assez succinctement, en compagnie de son fidèle lieutenant Fil-en-Quatre.



Leurs rôles se réduisent d’ailleurs à peau de chagrin : une filature du second, une révélation du premier et l’affaire est dans le sac.



Là aussi, comme dans le précédent épisode, on se dit que ce récit aurait pu intégrer toute autre série ou bien même faire l’objet d’un récit unique tant les particularités du personnage principal sont inexploitées.



Ceci dit, il faut bien l’avouer, la série, depuis que le comte Cazalès et Pépita la Rouge, les ennemis jurés de Marc Jordan, en sont absents, a perdu de son sel. On ne peut que se réjouir de savoir que Pépita va bientôt repointer le bout de son nez, du moins, aux dires du titre du 22e épisode.



Comme souvent dans ce genre de récit, les coïncidences sont nombreuses pour permettre l’imbroglio. Certes, c’est parfois le cas dans certains crimes, mais là, si on les compte, cela en fait tout de même beaucoup.



Je ne peux pas les énumérer pour ne pas déflorer l’histoire, mais vous vous en rendrez compte vous-même si vous vous lancez dans cette lecture.



Pour autant, on ne peut pas dire que cela soit désagréable à suivre, mais il manque un peu d’action ou d’enjeu pour apporter un véritable plaisir de lecture.



On a un peu la sensation que l’auteur (ou les auteurs) se trouve dans la position de certains scénaristes de séries télévisées à succès qui doivent écrire des histoires malgré un manque criant d’inspiration. À la télévision, on se retrouverait alors face à l’immanquable épisode ou le héros se trouve dans une position où il doit se retourner sur son passé (par exemple, le héros enlevé par le méchant, ligoté à une bombe dont le compte à rebours est lancé et qui, en attendant la mort ou l’intervention de ses amis, repense à sa vie, les bons et les mauvais moments). L’épisode avance ainsi à coups de flash-back, permettant à la fois d’occuper du temps sur les 40 minutes de l’épisode et d’économiser des heures de tournages en piochant des scènes dans les épisodes précédents.



Ce n’est pas le cas, là, mais la démarche est la même. Dommage.



Au final, un épisode de Marc Jordan qui manque cruellement de Marc Jordan, un comble, mais également d’action et de rythme...
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Marc Jordan, tome 19 : Une énigme judiciaire

« Une énigme judiciaire » est le 19e épisode de la série « Marc Jordan », série de 62 fascicules de 32 pages, double colonne, parue en 1907 aux éditions Ferenczi.



Il est à noter que l’auteur de cette série demeure inconnu (elle n’est pas signée) ; elle a été créée pour surfer sur le succès de la série venant d’Amérique, « Nick Carter » et qu’elle est l’occasion de la première incursion des éditions Ferenczi dans le genre policier et dans le monde du fascicule.



Marc Jordan est donc un détective dans la veine de Nick Carter et si, au début de la série, il avait pour ennemi intime le comte de Cazalès et Pépita la Rouge, depuis que le couple s’est évaporé, il a affaire à des crimes moins organisés.



Même quand Marc Jordan ne cherche pas à résoudre les crimes, ce sont les solutions qui viennent à lui, la preuve en est avec ce journaliste à l’agonie qui lui confie un manuscrit, sorte de confession d’un personnage qui a participé, involontairement, à l’affaire Pranzini, du nom de cet odieux criminel qui en 1887, assassinat violemment deux femmes et une fillette.



À partir d’une affaire criminelle existante, l’affaire Pranzini, et qui défraya la chronique de la fin du XIXe siècle, l’auteur (inconnu) de la série Marc Jordan, tire substance à un épisode dans lequel, il faut bien l’avouer, Marc Jordan n’a pas grand-chose à faire.



Effectivement, il reçoit un manuscrit de la part d’un inconnu et la majeure partie de l’épisode consiste en la retranscription de ce manuscrit et donc de l’histoire d’un certain homme surnommé l’Homme Blond, que Pranzini aurait dénoncé comme le véritable coupable pour tenter d’échapper à la guillotine.



Je n’ai pas trouvé, sur le net, d’évocation de ce fameux homme blond dans l’affaire Pranzini, donc je suppute que celui-ci est fictif, bien que Henri Pranzini ait réellement existé et les crimes qu’on lui impute également.



Aurant dire que l’épisode fait plutôt penser une opportunité de caser un texte n’ayant aucun rapport avec la série, dans la série, tant Marc Jordan n’a aucune utilité.



Est-ce le cas ? Je ne le sais pas. Toujours est-il que l’épisode se compose en une double confession.



La première, orale, de la part du journaliste pour expliquer à Marc Jordan comment il est entré en possession du document, la seconde, posthume et épistolaire puisqu’étant la retranscription de la lecture dudit document.



Pas inintéressant, ce second passage, conté, donc, à la première personne, mais qui jure totalement avec ce qu’était la série jusqu’à présent.



Est-ce par manque de temps ou d’inspiration que l’auteur a usé de ce subterfuge pour produire un épisode supplémentaire ? Ou bien une réelle volonté, on ne le saura jamais.



Toujours est-il qu’il a l’avantage de jeter la lumière sur l’affaire Pranzini, une réelle affaire criminelle qui fit les gorges chaudes de la presse de l’époque à une époque, justement, où les journaux allaient être un réel vecteur de sensations horrifiques auprès de la population avec les articles exposant au grand jour et avec forces détails, les actes les plus barbares des pires criminels de l’époque : Martin Dumollard (1860), Henri Pranzini (1887), Jack l’Éventreur (1888), affaire Gouffé (1889), affaire Ravachol (1890), Joseph Vacher (1894).



Pour le reste, pas grand-chose à dire de plus, pas même sur l’histoire de cet homme blond qui, d’ailleurs, n’apporte rien, en fin de compte, à l’affaire Pranzini (qu’il ait existé ou non).



Au final, un épisode plutôt plaisant à lire même s’il dénote totalement avec la série.
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Marc Jordan, tome 13 : Un crime mystérieux

« Un crime mystérieux » est la 13e enquête du célèbre détective français Marc Jordan.



Est-il besoin de situer le personnage ? Oui ! Alors, allons-y.



Marc Jordan est un personnage de la littérature populaire fasciculaire né à la fin de 1907 pour faire concurrence aux aventures de Nick Carter, un détective américain dont le succès outre-Atlantique était immense et dont les traductions, qui venaient juste de débarquer en Europe et en France, à l’époque, fascinaient les lecteurs.



Ces aventures de Marc Jordan étaient très inspirées, tant dans le genre, le style et le format, de celles de son homologue américain.



Dans le genre : policier d’aventures.



Dans le style : récits plus ou moins indépendants de 20 000 mots où le héros est un policier privé, sans peur et sans reproche, qui, épaulé par de fidèles lieutenants, combat le crime en tout genre et, surtout, des super méchants qui lui donnent du fil à retordre et qui reviennent d’épisode en épisode.



Dans le format : grand fascicule de 32 pages, double-colonne avec couverture illustrant un passage de l’histoire.



Est-il besoin de replacer l’auteur ? Oui ! Alors... rien, car l’auteur, à ce jour, demeure inconnu même si certains accordent la paternité de la série à Jules de Gastyne (mais que n’a-t-on accordé à cet auteur ???).



Notons que les aventures de Marc Jordan sont l’occasion de la première incursion des éditions Ferenczi, à la fois, dans le genre policier et dans la littérature fasciculaire, deux domaines dans lesquels elles s’illustreront par la suite pour le plus grand bonheur des lecteurs.



Notons également que la série « Marc Jordan » est probablement la première série policière fasciculaire française.



Une mère et une fille ont disparu.



Le mari et père vient de mourir. Elles ont décidé d’aller vivre chez dans le château du frère du défunt, près de Lille.



Mais avant, la mère ayant des choses à régler à Paris, elle en profite pour aller visiter un membre de la famille, un personnage riche et puissant, très en vue en politique.



Les deux femmes ont pris le train à Paris, ont été vues en descendre à Lille, mais, depuis, plus aucune trace.



Aussi, la police se tourne immédiatement vers le beau-frère d’autant qu’en cas de décès, c’est lui qui hériterait de la fortune que son frère a léguée à sa femme.



Pour se défendre, le suspect place tous ses espoirs en Marc Jordan.



Celui-ci ne tarde pas à acquérir la certitude que les deux jeunes femmes n’ont jamais quitté Paris, ce qui implique que soit le personnage puissant, soit son majordome sont le coupable...



Après la chasse au comte Cazalès et à Pépita la Rouge, ceux-ci s’étant enfuis à Londres, Marc Jordan trouve la vie un peu trop calme et s’empresse d’accepter cette affaire qui va un peu changer de celles d’avant, comme le lecteur va le remarquer et le ressentir lui-même.



Effectivement, si le style ni le format ne change, la lecture, elle, de cet épisode, semble varier d’ordinaire.



La raison première en est l’enquête elle-même.



Si le lecteur est habitué à ne pas être confronté à un récit de réflexion et d’investigation, il conditionne son plaisir de lecture à l’aspect aventure et action de la série.



Mais ici, si la réflexion est aussi peu présente, malheureusement, l’action n’est pas non plus omniprésente.



Car, oui, à peine le client lui a raconté l’histoire que Marc Jordan a déjà sa petite idée sur le coupable.



Il lui suffit d’un voyage en train pour affirmer sa conviction.



À partir de ce moment, le lecteur s’attend à une lutte terrible entre le détective et le puissant, comme il en a eu l’habitude avec un autre comte, Cazalès...



Malheureusement, le lecteur sera un peu déçu de constater que son héros résout l’affaire en deux coups de cuillères à pot, sur une simple entrevue prenant forme d’interrogatoire et, encore, sans qu’il ait besoin de sortir les grands moyens puisqu’il lui suffit de mettre un peu la pression à son interlocuteur pour obtenir des aveux.



On a beau s’attendre à un revirement de situation, à ce que le méchant se reprenne... il n’en est rient.



L’histoire se termine donc à la fois rapidement et sans surprise ni rebondissement ce qui est d’ordinaire le sel de la série et des récits de ce genre.



Est-ce un coup de mou de l’auteur, un changement, même, d’auteur ? Impossible de le savoir.



Reste à espérer que Marc Jordan (et son auteur) reprenne du poil de la bête très vite et nous propose à nouveau une enquête rocambolesque dans laquelle il courra des dangers, fera appel à ses lieutenants, se battra, risquera sa vie et gagnera à la fin...



Au final, un épisode assez décevant, un peu plus mou que d’ordinaire, tout simplement un peu fade.
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Marc Jordan, tome 12 : Les Amants de la Gui..

« Les Amants de la Guillotine » est le 12e épisode de la série « Marc Jordan, détective » initialement parue à partir de 1907 et qui compte 62 épisodes.



Le personnage de Marc Jordan est un clone de celui de Nick Carter, le détective américain dont le succès fût croissant outre-Atlantique à partir de sa création en 1886 et dont les traductions, qui venaient juste de débarquer en Europe, faisaient fureur.



Les aventures de Marc Jordan sont calquées sur celles de Nick Carter : même genre aventuro-policier, personnages assez similaires (détective fort, intelligent et courageux et ses fidèles lieutenants d’un côté ; malfrats de la lie de la société au service de chefs intelligents, machiavéliques et sans scrupules, de l’autre), même format : fascicule 32 pages double-colonne contenant des récits d’environ 20 000 mots.



L’auteur ou les auteurs des épisodes de Marc Jordan sont inconnus même si certains accordent la paternité du personnage à l’auteur Jules de Gastyne.



Marc Jordan, dans l’épisode précédent, « La pluie de sang » a été confronté à une terrible association appelée « Les Amants de la Guillotine », société secrète dont les 6 dirigeants agissent aussi bien comme recruteur, chef, juge, juré, bourreau et n’hésitent pas à égorger ceux qui les trahissent.



Alors qu’il pensait avoir mis la main sur l’un des chefs, Francis le frisé, celui-ci était parvenu à s’échapper, mais sa compagne, la belle Maria, avait, elle, été arrêtée.



Aussi, le détective n’a de cesse de retrouver le fameux Francis et, sachant que celui-ci navigue dans les hautes sphères et est l’amant d’une femme de la bourgeoisie, il n’hésite pas, même au théâtre, à observer l’assistance.



Grand bien lui fait puisqu’il repère le fameux Francis et apprend que celui-ci est l’amant de la Comtesse de Mirmer.



Mais le bandit se méfie et fuit son logement avant que le détective ne l’y trouve.



Aussi, pour mettre la main sur les Amants de la Guillotine, Marc Jordan décide-t-il d’utiliser la rancune d’une femme bafouée en faisant évader Maria, en lui apprenant que son Francis se moque d’elle et couche avec une comtesse afin que celle-ci, par vengeance, le lui vende.



Une fois encore l’image de la femme ne sort pas grandie de cet épisode de Marc Jordan, comme de bien des récits policiers de la littérature populaire.



Ici, la femme n’est que bourgeoise qui trompe son mari avec le premier godelureau venu ou bien femme de la rue prête à se prostituer par amour et à faire pincer son homme par rancune.



Mais les épisodes de Marc Jordan, loin de se vouloir un reflet exact de la société, sont là pour proposer avant tout aux lecteurs des aventures trépidantes et c’est une nouvelle fois le cas ici même si on pourra regretter que l’auteur s’appesantit sur les états d’âme de la jeune femme bafouée.



Qu’à cela ne tienne, le récit, à côté de cela, tient toutes les promesses de la série et offre la part belle à Marc Jordan qui, à force de ténacité et contre tout le monde, prouvera qu’il avait raison, que la société des Amants de la Guillotine existe...



Bref, pas grand-chose de particulier à dire sur cet épisode qui n’a déjà été dit sur les précédents tant la série est assez constante.



Au final, un épisode qui forme une sorte de diptyque avec le précédent et qui se lit avec plaisir pour peu que l’on apprécie le genre de la série...
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Marc Jordan, tome 11 : La pluie de sang

« La pluie de sang » est le 11e épisode de la série « Marc Jordan, détective » une série éditée à partir de 1907 par les éditions Ferenczi suite au succès des premières traductions de la série américaine « Nick Carter » importée en France par les Éditions Eichler.



Les deux séries partageaient un genre (policier-aventures et personnage récurrent de détective) et un format (fascicule 32 pages, double-colonne contenant environ 20 000 mots).



Marc Jordan est un grand détective français qui a souvent aidé la Justice et la Police à arrêter les malfrats. Il est secondé par de fidèles lieutenants : Lagingeole, Léonnec, Fil-en-Quatre, le docteur Jarris, l’Assommeur et feu Cœur-d’Ours.



Dans les premiers épisodes de la série qui en compte 62, Marc Jordan et ses hommes étaient confrontés au Comte de Cazalès, et à sa terrible compagne Pépita la Rouge.



Lagingeole et Fil-en-Quatre sont à la poursuite d’une Société Secrète responsable de divers crimes et qui assassine ceux qui la trahissent.



Ils ont loué une chambre dans un bouge qu’ils soupçonnent de servir d’abri à la bande et, durant la nuit, après d’étranges bruits, du sang s’écoule du plafond de leur chambre. Ils se précipitent à l’étage et, à travers une fente, constatent qu’un homme a été exécuté par la bande et gît la gorge ouverte sur une table. Un autre homme présent doit être prochainement jugé et, entre-temps, il sera enfermé à la cave.



Fil-en-Quatre voit là une bonne occasion d’aller visiter le prisonnier afin d’en apprendre plus et, grâce à lui, de pouvoir faire arrêter toute la bande.



Ahhhh, quelle étrange lecture ! Oui, je sais, je dis souvent cela, mais là, c’est encore plus étrange que d’ordinaire, non pas dans le style ni dans le genre, mais pour une raison qui n’émouvra personne d’autre que moi.



Mais, pour m’expliquer, il me faut revenir en arrière en avançant dans le temps.



Vous ne comprenez pas ? Suivez-moi, vous comprendrez mieux là où je veux en venir.



Il me faut revenir en arrière dans mes lectures, mais une lecture dont le texte est postérieur à celui dont il est question aujourd’hui.



Explications : lors de ma lecture du tout dernier épisode de « Marius Pégomas, détective marseillais », titré « Un dangereux bandit » j’évoquais un étrange ressenti que cet ultime épisode, du moins les premières scènes, ne collait ni à l’ambiance ni au style de la série. J’imaginais alors la possibilité qu’il fût la résultante de la réécriture d’un épisode prévu pour une autre série. Comme l’auteur de Marius Pégomas avait, auparavant, développé une autre série, « Thérèse Arnaud, espionne française » qui mettait également en scène un maître d’œuvre (Thérèse Arnaud), entourée de ses fidèles lieutenants et que la première scène de l’ultime épisode de « Marius Pégomas » faisait intervenir deux lieutenants du détective, alors que d’ordinaire, c’était toujours Marius Pégomas qui œuvrait, cela me laissa à penser que Pierre Yrondy, l’auteur des deux séries, avait réécrit un épisode prévu, à l’origine, pour la série « Thérèse Arnaud » afin d’en faire un épisode de « Marius Pégomas ». Le manque d’humour qui était pourtant une constante dans la série marseillaise me confortait dans cette idée tenace.



Quelques mois plus tard, je dois admettre que j’avais tort !



Effectivement, Pierre Yrondy, pour son ultime épisode de « Marius Pégomas » n’avait pas remanié un épisode prévu pour « Thérèse Arnaud », mais tout simplement réécrit un épisode parut 30 ans auparavant pour la série « Marc Jordan » et cet épisode, vous l’aurez compris, est justement « La pluie de sang », « La pluie de sang » qui est également le titre du premier chapitre de ce dernier épisode de Marius Pégomas.



Mais, outre le titre, c’est, avant tout, l’histoire qui si elle n’est par parfaitement identique dans les deux épisodes, est du moins très similaire dans son ensemble et copiée-collée dans la toute première partie. Pis encore, les premiers chapitres dans lesquels Lagingeole et Fil-en-Quatre, en 1907 et Titin et Bouillabaisse, en 1937, loge dans un meublé pour chasser une bande organisée et voit du sang couler du plafond de leur chambre pour ensuite apercevoir, dans la chambre au-dessus, le corps d’un homme égorgé entouré d’une bande de malfrats qui vient de le mettre à mort et prévoyant de juger prochainement un autre homme et presque identique au mot près... du moins, tellement similaire qu’aucun doute ne puisse être permis que Pierre Yrondy a réécrit le 11e épisode de la série « Marc Jordan » pour en faire un épisode de « Marius Pégomas ».



Que faut-il en conclure ? Que Pierre Yrondy a plagié l’auteur des Marc Jordan ? Auquel cas, cela ne serait pas novateur, les plagiats étaient nombreux, surtout dans la littérature populaire.



Ou bien, que Pierre Yrondy a réécrit un de ses textes de l’époque et que, du coup, l’auteur inconnu de la série Marc Jordan ne serait plus si inconnu que cela ? (même si Pierre Yrondy demeure un auteur énigmatique).



Cette similitude entre les deux épisodes n’est pas suffisante, bien évidemment, pour conclure pour la seconde hypothèse bien qu’elle soit la plus exaltante des deux (exaltante pour moi, bien sûr, et peut-être uniquement pour moi).



Il faudra voir dans la suite de mes lectures de la série « Marc Jordan » si d’autres épisodes ont été « plagiés » pour conforter cette hypothèse.



Toujours est-il que, bien que dans cet épisode, Marc Jordan soit plutôt en retrait et que c’est Fil-en-Quatre qui est le héros de l’histoire, le récit est dans la veine des précédents, c’est-à-dire un récit policier d’aventures sans temps mort, plutôt agréable à suivre même si on retrouve certaines similitudes dans la relation entre le prisonnier et la femme responsable de sa perte et celle du docteur Jarris avec Pépita la Rouge.



Si ce n’est une redite, on peut pour le moins parler de l’image assez négative de la femme dans ce début du siècle, femme vénale, voire vénéneuse, qui se joue des hommes naïfs pour les manipuler et en abuser.



Au final, un épisode qui vaut surtout, pour moi, pour l’éclairage qu’il apporte sur le dernier épisode de « Marius Pégomas », mais qui offrira aux autres lecteurs le même plaisir de lecture que les épisodes précédents.
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Marc Jordan, tome 10 : Un cadavre dans un p..

« Un cadavre dans un placard » est le 10e épisode de la série « Marc Jordan, détective » dont l’auteur demeure inconnu et qui, à partir de 1907, suite au succès des traductions des « Nick Carter » provenant d’outre-Atlantique, proposa 62 fascicules de 32 pages, double colonne contenant des récits plus ou moins indépendants d’environ 20 000 mots.



« Marc Jordan » est totalement inspiré de son homologue américain « Nick Carter », que ce soit dans le style, le genre ou le format. Même présentation, personnages similaires, idem narration, seuls les noms plus français et un style un peu plus digeste que les premières traductions font la différence entre les deux séries.



Pour rappel, la série « Marc Jordan » est la première intrusion des éditions Ferenczi dans le monde de la littérature policière ainsi que dans celle des fascicules. Elles deviendront, par la suite, grâce aux milliers de titres, aux nombreuses collections et à la collaboration intensives de divers auteurs et illustrateurs, des éditions cultes dans la littérature fasciculaire en général et dans la littérature fasciculaire policière en particulier.



La femme d’un ministre a un amant ! Rien d’original en la matière, mais ce dernier est retrouvé mort au petit matin, par sa maîtresse, dans le placard de celle-ci, après qu’il y ait passé une partie de la nuit alors qu’il s’y était caché suite au retour inopiné du mari.



La meilleure amie de la femme adultère fait appel à Marc Jordan pour l’aider à régler la situation et éviter que le déshonneur ne soit ajouté à la douleur de la perte de son amour de jeunesse.



Marc Jordan, on le sait, a un cœur d’or et ne peut résister à la tentation d’aider deux jeunes femmes éplorées.



Aussi, il va mettre en place un plan pour sortir le cadavre en toute discrétion de chez le ministre et expliquer la mort du jeune homme.



Seulement, pas de bol, rien ne se passe comme prévu et Marc Jordan se voit contraint de changer de plan en cours de route.



« Un cadavre dans un placard », à un mot près, l’épisode aurait pu être le titre d’une pièce de vaudeville : « Un amant dans un placard ».



Effectivement, l’épisode a tout du Vaudeville, mais un Vaudeville macabre qui, au lieu de faire rire et sourire à l’image des pièces de Feydeau dont le succès est retentissant depuis une quinzaine d’années (en 1907, rappelons-le), est là pour faire frissonner.



Car, sans aller dans le « gore », il est étonnant de constater que cette première série policière française est bien moins policée que celles à venir pendant des décennies.



On y parle ici aisément de démembrement, démembrement devant, d’ailleurs, être fait, non pas par les méchants, mais par les gentils (oui, car, pour faire disparaître un cadavre, rien de mieux que de le découper).



Et, bien sûr, si l’on est encore bien loin des scènes que l’on peut trouver dans les romans récents de Maxime Chattam, Franck Thilliez, Jean-Christophé Grangé et consorts, les ambiances sont parfois assez surprenamment crues pour des textes tous publics du tout début du XXe siècle.



Mis à part cela, l’épisode s’attardera plus sur la part scandalo-sentimentale de l’intrigue que sur l’habituel mélange aventures-policier que nous a proposé la série jusqu’ici.



Est-ce juste une pause dans la chasse lancée entre Marc Jordan et se lieutenants d’une part et le Comte Cazalès et Pépita la Rouge, d’autre part, qui a vampirisé la série depuis le tout premier épisode ? La suite le dira, mais il est à prévoir que les deux ennemis jurés du détective refassent bientôt surface.



Il aurait été intéressant de savoir si les épisodes étaient écrits à l’avance ou au fur et à mesure afin d’avoir une idée si l’auteur ou les auteurs prenaient la température des lecteurs afin de continuer à développer la série. Mais vu le rythme de diffusion de l’époque, c’est fort peu probable.



Cependant, comme à chaque fois, si l’intrigue est assez linéaire, le rythme est suffisamment soutenu et sans temps mort pour assurer un bon moment de lecture.



Faut-il rappeler que, comme un « Nick Carter », le lecteur choisit un « Marc Jordan » en connaissance de cause, sachant qu’il va redécouvrir dans chaque épisode, ce qu’il a apprécié dans les précédents et qu’en ouvrant un fascicule de 32 pages, on se doute qu’on ne va pas être confronté à une intrigue échevelée.



Mais il faut également souligner que le format 20 000 mots est un excellent compromis entre les formats très courts (10 000 mots et moins) dans lesquels on n’a pas forcément le temps de s’immerger et le format roman classique pour lequel il faut avoir une grande plage de lecture à consacrer. Ici, on ouvre, on lit, on termine et on ferme le fascicule, généralement, dans la foulée et c’est ce qui est aussi appréciable, connaître la fin d’une histoire que l’on vient de débuter sans avoir à attendre des heures, voire des jours, comme il serait nécessaire avec les pavés policiers actuels. De plus, le format sériel renforce l’attachement puisqu’en ouvrant un épisode, on est déjà familier de l’ambiance et des personnages.



Au final, bien qu’un peu trop vaudevillesque et pas assez policier, cet épisode remplit son office d’offrir un bon moment de lecture, mais on est tout de même pressé de retrouver Marc Jordan et ses hommes dans des intrigues plus dans leurs cordes.
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