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Citation de enkidu_


Même s’il avait eu le courage de garder un visage grave, en conformité avec sa situation, il n’aurait pu se défaire de ce sourire. Il n’avait pas la force de modifier l’expression de son visage. Les muscles de sa face étaient figés. Il aurait préféré pleurer comme un petit enfant. Il sentait l’odeur de goudron âcre et forte que dégageait l’asphalte en train de fondre, la poussière rêche et sèche qui flottait dans l’air, la puanteur rance et grasse qui s’échappait des égouts et des fromageries, des relents d’oignon qui prenaient à la gorge, les émanations douceâtres de l’essence des voitures, l’odeur marécageuse et putride des halles aux poissons, le muguet et le phénol sur les joues de son fils. Toutes ces odeurs se mélangeaient dans les exhalaisons brûlantes qui venaient s’abattre sur lui, elles s’unissaient au vacarme qui emplissait ses oreilles et qui était sur le point de faire éclater son crâne. Bientôt il ne sut plus ce qu’il lui fallait entendre, voir, sentir. Il continuait de sourire et d’acquiescer. L’Amérique l’assaillait, l’Amérique le brisait, l’Amérique le fracassait. Au bout de quelques minutes il perdit connaissance. (p. 159)
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