Josiane Francés

Il n'est pas nécessaire d'être fautif pour être jugé "personae non grata" par ses supérieurs. Il suffit de ne pas être celui ou celle que l’on attendait dans le poste.
Il ne s’agit même pas d’une question de compétences requises : Bénédicte n’a pas manqué de prouver constamment les siennes au cours de sa carrière et à l’occasion on la félicitait même pour cela. Ce qui lui était reproché c’était plutôt le caractère insaisissable et imprévisible de sa personnalité : elle passait pour hypocrite et ne dévoilait pas toujours son ressenti, si bien que les chefs se méfiaient d’elle. Le plus téméraire, le directeur de l’antre des « psy », avait préféré crever l’abcès avec elle tout de suite, en la soumettant brutalement à « la question » pour lui faire cracher son désaccord et pour anéantir chez elle la moindre velléité de s’opposer à lui. C’était un guerrier : il passait à l’attaque en lui gueulant dessus avant même qu’elle ait exprimé la moindre objection et les personnels des bureaux du dessus se demandaient si le service du dessous n’était pas en train de devenir une maison de fous.