Dans un premier temps donc, les habitants de Seyvoz se sont retirés du langage – eux qui n’étaient déjà pas bien bavards. Le silence s’est répandu dans le village, il a pris dans les rues, dans les traverses, sur le pas des boutiques, une chape, épaissie jusqu’à mettre sous pression tout l’espace :
parler c’eût été crever la bulle du réel, prendre acte du barrage, précipiter leur fin quand se taire c’était tenir le destin à distance, gagner du temps – ce rapport au langage me fascine, je l’avoue.