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Citation de fbalestas


Il n’était que cinq heures de l’après-midi quand ils arrivèrent à Bogota, mais il faisait déjà nuit. Le trajet avait été long : dans le train et l’obscurité qui par moments était parfaite, on n’entendait pas un mot. Dès qu’ils passaient dans un lieu éclairé, une gare ou une route traversant un village, la lumière soulignait les visages de pierre des soldats, les ramenait au monde pendant un court instant, à croire que son éclat jaune dessinait les sourcils froncés et les bouches crispées avant de les renvoyer dans l’ombre. Salazar découvrait alors avec fascination les multiples expressions que provoque la peur, ou plutôt les ruses qu’elle emploie pour transparaître dans une certaine manière de se toucher le cou ou de pencher la tête et d’observer le dossier vide d’une chaise. Il pensait à ce qu’avaient dit les officiers : là, à deux villages du pont de Boyacá, la police du régime tranchait la gorge de ses ennemis et les armées de la violence civile violaient les femmes pendant qu’eux apprenaient que « Chosen » signifie « la Terre du matin calme » et découvraient que la raison de tout cet imbroglio monumental était les faits qui s’étaient déroulés dans un lieu inexistant : le 38ème parallèle, une ligne noire sur une carte en couleurs.
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