Judith Cladel

Voici une très intéressante biographie de Rodin, écrite par une amie intime de l'artiste, Judith Cladel, fille de Léon Cladel, ami du sculpteur. Une biographie fouillée, étonnante, touchante parfois et historiquement intéressante.

Toutefois quelque chose m'avait beaucoup frappée voire chagrinée : s'agissant de sa relation avec Camille Claudel, le récit presque anecdotique que l'auteure en fait, sous celui d'une confidence de Rodin, presque dû au hasard, qui tient en 4 ou 5 pages, où elle n'est pas même nommée fut-ce même par son prénom, ainsi:

« elle était belle, artiste, douée d'un grand talent. Elle était devenue, il y avait près de 15 ans, sa collaboratrice et son cher modèle »,

« D'emblée, il reconnut les dons éclatants de la jeune artiste de qui le visage, les magnifiques yeux bleu sombre au regard illuminé captivèrent bientôt son cœur d'homme... Il la consultait sur tout.... »

et bien que l'auteure y distille quelques éloges « La célébrant, Mirbeau écrivit : « C'est tout simplement une grande et merveilleuse artiste... quelque chose d'unique, une révolte de la nature, une femme de génie. Morhardt lui consacra d'admirables pages. ... », l'auteure ne la ménage guère pour autant : « La belle artiste, cœur entier, absolu, ne jugeait pas suffisante la situation de disciple aimée et admirée. Elle voulait devenir l'unique objet de l'affection du maître et la compagne de sa vie intime. »,

tout juste un peu de compassion : « comme toujours en de tels partages, les deux femmes souffraient mort et passion... » et si comme elle le dit « il choisit de ne pas abandonner sa vieille compagne, la « servante au cœur simple »... mais qu'il « plongea, lui, dans les affres du désespoir ». Et, même s'il a pu se sentir chagrin, par quelque sursaut de devoir , de la situation dans laquelle elle se trouvait, il en fut vite remit, lui.... auprès d'autres, dont auprès l'intrigante Duchesse de Choiseul sur laquelle l'auteure se plait par contre à s'épancher longuement.

Etant une inconditionnelle admiratrice de Camille Claudel, ce traitement ne pouvait bien évidemment que sinon me heurter, du moins m'attrister. Mais peut-être, je veux bien l'imaginer, l'auteure, avait-t-elle ses raisons...