AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de ChouettedeMinerve


Sur tout le front, du bois d'Haumont à l'Herbebois, en passant par le Bois des Caures et le Bois de Ville, et sur une épaisseur de plusieurs kilomètres, il régnait la même danse de poussière, de fumée, et de débris, fouettée par un orchestre tonitruant. Là-dessous, des milliers d'hommes, par petits paquets de deux, de trois, de dix, quelquefois de vingt, courbaient le dos, l'un contre l'autre, au fond de trous dont la plupart n'étaient que des égratignures du sol, dont bien peu méritaient le nom d'abris. Ils écoutaient la terre se fendre sous le choc des obus, s'éventrer tout autour d'eux. Ils respiraient par les fissures de leurs gîtes l'odeur de la catastrophe, qui était une odeur de planète calcinée. Ils n'avaient individuellement à peu près aucune espérance de survivre ; sauf quelques enragés qui s'obstinaient à croire en leur bonne étoile, et qui étaient hommes à mourir juste un peu avant d'avouer que "ça y était". Les autres se demandaient si le prochain obus, ou plutôt l'un des douze prochains, car on ne les comptait plus qu'à la douzaine, ne leur rendrait pas service en les débarrassant de leur angoisse, puisque tôt ou tard, mais sûrement avant la nuit, ils étaient sûr d'y passer.
Quant aux artilleurs, même lorsqu'ils recevaient des ordres - et pour diverses raisons ils en recevaient peu - ils ne savaient pas sur quoi tirer. Ils avaient devant eux cette zone de tornade, complètement opaque ; et de ce qui pouvait se passer dedans, ils ne savaient à peu près rien. Les Allemands avaient peut-être déjà attaqué ; avaient peut-être déjà pris pied dans les bois. Comment les artilleurs l'auraient-ils deviné ? C'était leur demander de frapper au petit bonheur à travers les volutes rousses et blanche d'une forêt en feu.
Commenter  J’apprécie          40





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}