Finalement, Dieu ne voulut plus que régnât tel orgueil ; il inspira et alerta certains bourgeois qu'il mit en voie de soupçonner la trahison. Parmi eux, il y en eut un, qu'on appelait Jean Maillart, qui fit montre de plus de sagacité que les autres. Il assembla un groupe de ceux qui aimaient plus la partie du duc de Normandie [le Dauphin, futur Charles V le Sage] que celle du roi de Navarre ; il s'en vint tout armé avec eux jusqu'au prévôt des marchands [Étienne Marcel] et lui demanda ce qu'il voulait faire et à quoi il tendait, car il lui était avis qu'il ne pensait à nul bien.
Le prévôt ne répondit pas au gré de ces bourgeois ; ils multiplièrent tant les paroles qu'il fut aussitôt tué, et huit personnes de son parti et de son escorte avec lui. Puis le bourgeois et ceux de sa compagnie coururent par la ville, cherchant ceux de la secte au prévôt, en tuèrent plusieurs et en prirent bien soixante qu'ils mirent en prison au Châtelet, pour mieux savoir la vérité de la suspicion ; puis ils envoyèrent de grands messages au duc de Normandie, priant qu'il vînt à Paris, car toute la cité était prête à obéir à tous ses commandements.