Le vrai temps perdu, c'est un temps sans amour, et on a perdu beaucoup de temps.
Ce n'est pas le seul paradoxe du faussaire que d'atteindre le cœur et l'esprit des connaisseurs en leur livrant ce qu'ils demandent. Il n'est pas différent en cela des grands maîtres qui travaillent à la commande.
Et Marlene s’intéressait à moi parce que j’étais différent. Une espèce d’innocent qu’elle encourageait à devenir ambitieux. J’étais d’autant plus flatté qu’elle me renvoyait l’image idéale de moi-même.
Ils se sentaient flattés, les nantis, de posséder une pièce rare. Une pièce ayant appartenu à un identique sang bleu. Ça les revalorise. Surtout les nouveaux riches des pays émergents.
Le vin ! Son vrai maître à penser, son amant délectable, sa faiblesse poétique. Il buvait, poursuivant un rêve dont le fil conducteur tenait du camaïeu couleur rubis.
Un adolescent d'une trentaine d'années, avec sa bonne grosse dose de naïveté et d'idéal. Un mec mi-chômeur, mi-prof, avec une vie socio-économique ordonnée entre deux axes principaux : ne rien faire grâce au chômage, et ne pas faire grand-chose grâce à un emploi d'escroc petitement rémunéré par l'Éducation nationale.
En matière de contemplation bienheureuse du Beau, le faussaire démontre donc que le faux vaut le vrai, ce dont attestent les querelles d’experts.
Comment cambuster les marchands, carotter le bourgeois, repérer les tableaux, leur trouver un pedigree impeccable, une époque ancienne.
Un dragueur à la noix, une espèce de pitre qui passe sa vie à raconter des balivernes, à papillonner sans but.
Les marchands, les riches, les musées, ont besoin d’œuvres rares, je vais donc dans leur sens, je fournis.