À l'occasion de la clôture du cycle de conférences « La France et l'Italie au XVIIIe siècle », la BnF accueille un concert-spectacle d'oeuvres musicales italiennes du XVIIIe siècle, interprété par l'ensemble du Concert de la Loge. La musique italienne a souvent fait l'objet de vifs débats en France, opposant ses admirateurs enthousiastes et ses détracteurs, défenseurs d'un supposé style national français. Au XVIIIe siècle, les salons parisiens deviennent la réjouissante chambre d'écho de ces polémiques ; ils ouvrent leurs portes aux musiciens et comédiens italiens, et les conversations s'y enflamment autour des oeuvres emblématiques du répertoire, comme les sonates d'Arcangelo Corelli ou les airs d'Alessandro Scarlatti. Par une lecture théâtralisée de textes de l'époque (extraits de pièces de théâtre, de poèmes et de correspondances) et un choix d'oeuvres musicales italiennes du XVIIIe siècle (sonates, cantates, airs), cette soirée se veut une évocation de l'effervescence qui animait alors les salons parisiens. Concert et spectacle du Concert de la Loge, avec Julien Chauvin (violon et direction), Eugénie Lefebvre (soprano), Camille Delaforge (clavecin), Julia de Gasquet (comédienne), Mélanie Traversier (comédienne), Marie Bouhaïk-Gironès (mise en espace) et Thomas Cousseau (comédien). Reprise du concert spectacle créé à l'institut de Culture italien de Paris en novembre 2017. En savoir plus sur ce cycle de conférences : https://www.bnf.fr/fr/agenda/la-france-et-litalie-au-xviiie-siecle
- "Ma fille vous demande pardon ; elle n'était pas encore tout à fait prête. Votre Excellence sait comment sont les bonnes femmes dans ces occasions", ajouta-t-il en exprimant en des termes quasiment vernaculaires une pensée d'une légèreté parisienne. "Mais elle sera là dans un instant ; notre maison est à deux pas comme vous savez." L'instant dura cinq minutes ; puis la porte s'ouvrit [...] Devant l'impétuosité de sa beauté les hommes furent incapables d'en remarquer, en les analysant, les défauts qui n'étaient pas rares ; et nombreuses devaient être les personnes qui ne seraient jamais capables de cette élaboration critique. Elle était grande et bien faite, sur la base de critères généreux ; sa carnation devait posséder la saveur de la crème fraîche à laquelle elle ressemblait, sa bouche enfantine celle des fraises. Sous la masse des cheveux couleur de nuit enroulés en d'exquises ondulations, il y avait l'aube de ses yeux verts, immobiles comme ceux des statues et, comme eux, un peu cruels. Elle avançait lentement, en faisant tournoyer sa large jupe blanche et portait sur sa personne la sérénité, l'invincibilité de la femme sûre de sa beauté. Ce n'est que bien des mois plus tard que l'on sut qu'au moment de son entrée triomphale elle avait été sur le point de s'évanouir d'anxiété." (Vignette)