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Citation de CyCy-71


La sonnerie amplifiée par le Bluetooth emplit le silence qui règne dans ma voiture. Je sursaute, puis je me crispe parce que même sans regarder, je sais qui m’appelle.

J’ignore l’appel.

Il rappelle.

Je l’ignore encore une fois.

Après trois nouvelles séries de sonneries, ignorer, rappel, je me rends bien compte que c’était complètement lâche de ma part de partir en douce comme je l’ai fait. Et même si je préférais appuyer sur ignorer une fois de plus, je ne peux pas faire ça. Je dois l’affronter, je dois essayer de régler le problème sans trop de dommages pour notre relation de travail, donc je serre les dents et je réponds.

- Allô ?

- Tu es passé où, bon dieu ?

La vois Easton reflète son incompréhension chargée d’incrédulité, mélangées à de la colère avec une pointe de rejet.

- Bonjour.

Reste sur un plan professionnel, Scout.

- Il aurait surement été meilleur si tu étais encore ici. Mais tu n’es pas là. Et je ne comprends pas bien pourquoi.

- Easton.

J’ai dit son nom comme un soupir. Un rameau d’olivier. N’importe quoi pour expliquer ce que je ne sais pas comment dire.

- arrête, Scout. Ou es-tu ? Parce que je suis sûr d’une chose, c’est que tu n’es pas dans mon lit.

Mon père est malade. J’ai reçu cinq messages de Sally pendant que j’y étais dans ton lit. Pour me dire qu’il respirait mal. Pour me demander si je pouvais venir le voir, non seulement pour lui remonter le moral ; mais aussi pour lui rappeler pourquoi il doit se battre pour surmonter ce moment de déprime.

- J’avais des courses à faire.

Moi aussi, je préférais être avec toi. Je préférais t’avoir rencontré dans d’autres circonstances. Cela aurait rendu les choses beaucoup plus faciles.

- Des courses ? waouh. Ca, au moins, c’est exactement ce qu’il faut pour donner à un mec confiance dans ses capacités. ‘hé, Easton, c’était vraiment génial cette nuit, mais j’ai préféré aller faire un tour au supermarché pour acheter du papier toilette plutôt de faire un petit câlin matinal avec toi. »

Sa tentative pour m’imiter ne réussit pas à dissimiler son irritation. Je regarde par-dessus mon épaule pour changer de file, tout en assemblant assez de courage pour dire ce que je dois dire mais que je n’ai pas envie de dire.

- hier soir, c’était une erreur, je murmure comme si je ne voulais pas vraiment qu’il entende.

Par ce que je ne veux pas.

Ce n’est pas vrai.

- Pardon ? tu peux redire ça ?

- Nous ne pouvons pas faire ça.

- Eh bien, en fait, nous l’avons fait, et c’était fantastique, putain, alors dis-moi quelque chose que je pourrais croire.

J’ai peur de l’état dans lequel je vais trouver mon père que je n’e l’ai pas vu depuis un mois.

Je m’éclaircis la vois, mais je ne parviens à retenir mes larmes, pour la deuxième fois de la matinée, et je dois faire un effort considérable pour cela ne s’entende pas.

- Si Cory l’apprenait, il me virerait.

- C’est des conneries ça.

Il peut dire ce qu’il veut, nous savons tous les deux que c’est vrai – le silence qui suit me le confirme-, alors, j’en profite pour essayer de la raisonner.

- J’ai un contrat avec tes employeurs, Easton. Je suis tenue de rester impartiale… et qui croira que je le suis si je couche avec toi et qu’ensuite je viens leur dire de te réintégrer ? tu penses peut-être que j’exagère, mais ils mettraient en doute ma capacité de discernement en ce qui te concerne. Ma crédibilité en prendrait un coup alors que c’est un élément essentiel dans mon boulot.

- La crédibilité, c’est une chose, Scout. Coucher avec moi, c’en est une autre. Maintenant, il va falloir trouver autre choses si tu veux de m’expliquer pourquoi tu es partie de chez moi sur la pointe des pieds comme si tu n’étais qu’un coup d’un soir. J’attendrai.

En attendant cela, je me sens soulagé et triste. Soulagée de savoir qu’il ne me considère pas comme un plan cul, mais triste parce que je sais que cela ce ne peut se reproduire.

- Je ne peux pas pour l’instant, c’est tout. Si cela venait à se savoir, alors…

- Personne ne le saura. Tu as l’intention d’en parler à quelqu’un ? moi, non. Qui d’autre que nous est au courant pour hier soir et pourrait en parler ?

Je me débats pour trouver une explication, une justification.

- Et si quelqu’un me reconnaissant en sortant de chez toi ? un autre joueur ? un journaliste ? la fille que j’ai croisée dans l’entrée ? Et que ça sortait dans la presse ?

- Une fille dans l’entrée ? de quoi tu parles ?

- De rien. De personne.

Je secoue la tête et je serre les mains sur le volant. Je me rends bien compte que j’ai l’air parano, mais je ne peux pas m’en empêcher.

- Laisse tomber.

- Il y a quelque chose que tu ne me dis pas.

- Mais non.

Ma voix se brise, et je me racle la gorge.

- Il n’y a rien. C’est juste que…

- C’est juste que ? C’est tout ce que tu trouves à me dire ?

- Je dois y aller.

- Nous n’en avons pas fini avec cette discussion, Scout.

Si, nous en avons fini.
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