Non madame…
Non madame
Je n'ai pas de livres
Oui Madame
J'écris pour rien
Je ne m'excite pas
Sur le chemin des honneurs
Je veux juste ajouter
Le peu de sel
Qui manque à votre bonheur
Je sors d'un peuple
Qui parle au vent
Et de temps à autre
Il nous répond.
Bien avant que je naisse
Bien avant que je naisse
on avait déjà préparé mon destin
on m'a saisi au vol
pour me fourrer dans un sac
et on a appelé pays cet engin
qu'on a ensuite greffé à un autre truc
qu'on a baptisé monde quelque chose
en moi on a expérimenté l'orientation du désir
la volonté de rester inerte
l'art de tuer la cervelle avant le corps
la volonté de rapprocher les extrêmes
...
À l'opération seul un de mes ongles a survécu
je gratte inlassablement
pour crever l'horrible sac.
Ne troquez pas demain
Nous avons tendu l’oreille
Et quelques-uns "de nous"
Ont décidé d’ouvrir grand
Les portes de nos silex
Nous avons écouté l’intrus
Ouvrant la bouche à bâiller
Puis sur la terre souillée
Notre langue est tombée
Que faire d’une ouïe trouble
Et une langue encerclée
Sinon mordre les cendres
Et chatouiller son propre nez
Que faire de l’œil « poussiéré »
Qui à force de trop se fermer
Se rompt cil, iris et sourcils
Devant chaque faux défilé
Et la main dans tout ça ?
La poigne et le coup de pied ?
Si vous prolongez la trêve
Vous n’aurez que l’amnésie