Je pensais qu'elles ne rencontreraient plus de langues, de pays, de monde pour les dire.
Plus de places, ni de livres, de phrases, de mots, de lèvres, de textes, de lignes pour les dire.
Je pensais à leurs vies , disséminées, raptées, à l'état de reflux, d'inquiétudes, d'effacements.
Je pensais à leurs lettres, répandues, éparpillées aux temps des langues: leurs fiers accents d'Arabes, de Françaises, d'Italiennes, d'Espagnoles, de Berbères, d'Hébraïques.
Je pensais à leurs routes, présentes sous les sables; aux jardins qui les unissaient, aux parfums qui les éblouissaient; je pensais que leurs terres - comme leurs mères - étaient franchissables, au-delà.