La Uzanne collectionnait les éventails. Sa fascination pour ces objets avait débuté quand, à quinze ans, elle avait vu sa cousine de son âge moins riche et moins belle qu'elle captiver l'assistance par son art de manier l'éventail. La Uzanne, ou plutôt Petite Maîtresse comme on l'appelait encore à l'époque, convainquit sa cousine de l'initier à cet étonnant langage. Le code en était connu des hommes autant que des femmes et, comme pour tout langage, plus on le pratiquait, mieux on était capable de s'exprimer grâce à lui. Bientôt l'élève surpassa le maître. Claquements secs, torsion du poignet, tapotements, battements, virevoltes, longues caresses langoureuses comblèrent le vide laissé par les mots indicibles du désir.