Ses parents sont beaux. Son père a des faux airs d’Alain Delon, sa mère ceux d’une Catherine Deneuve mâtinée d’une larme de Marilyn et d’un soupçon de Dalida. Il est évident pour Nelly que ce sont des dieux. Des dieux vivants aux humeurs changeantes ; parfois cruels, souvent imprévisibles, toujours éblouissants, comme ceux de ses livres de
contes de l’Antiquité. Elle leur est totalement dévouée. Son père est colérique, séducteur ; il boit. Sa mère, femme au foyer flamboyante, est trop forte en gueule pour ne pas répondre. Elle boit aussi. D’ailleurs, ils boivent toujours, aujourd’hui, ça va faire un bail qu’ils boivent, deux, trois, quatre décennies. Sur une photo de leur voyage de noces on les voit à une table de restaurant, dans les yeux un bonheur sombre et sauvage, devant eux sur la nappe blanche de petits verres vides, alignés.