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Citation de Sourisetdeslivres


Je n'en reviens toujours pas de toutes ces choses que je tenais pour acquises. Avant : quand les sourires étaient encore spontanés, pas juste intéressés ; quand les larmes étaient encore de joie, pas juste de tristesse ; quand la vérité était encore noire ou blanche, ou grise, pas irrémédiablement entachée de sang. Avant : quand l'espace entre deux personnes était plus chargé d'énergie positive que négative, d'« alliés » que d'« ennemis » ; quand les rêves étaient portés par les nuages, pas lestés de plomb ; quand la liberté tenait plus de l'évidence que du miracle. Au printemps, quand l'air était encore frais et léger, avant qu'il ne se charge d'humidité et de moustiques pour devenir cette épaisse soupe estivale, je m'allongeais sur le transat du jardin et contemplais l'étincelante voûte du firmament. Je m'imaginais que les étoiles étaient de vrais diamants comme dans la berceuse que me chantait maman. Que c'était cette immensité noire qui était le vrai sol, et la terre ferme, leur ciel, et qu'on était tous suspendus par les orteils. Lorsque Zéro a frappé, j'ai compris qu'il y avait plus d'une façon de mettre le monde à l'envers. Que rien n'était aussi immuable ni, en même temps, aussi impossible qu'il y paraissait. Et que les renverseurs de monde pouvaient toujours se bercer de douces illusions, les diamants leur resteraient éternellement inaccessibles.
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