Extrait de la note de lecture de Michèle Duclos
Poésie/première n° 35 – juillet/octobre 2006
KEITH BARNES ŒUVRE POÉTIQUE COLLECTED POEMS
Traduite de l’anglais par Jacqueline Starer. Ouverture de Maurice Nadeau, éditions d’écarts, 2003.
Les thèmes et l’écriture frappent par leur énergie – une écriture elliptique saccadée chargée d’une forte puissance consonantique. La profondeur recueillie des images rappelle celle des poètes métaphysiques et leur ironie intellectuelle celle de John Donne. Les poèmes d’amour refusent tout épanchement et épithètes élégiaques.
» never thought I’d cry except it rains so lone – « Je n’avais jamais pensé que je pouvais pleurer / mais il pleut si fort et je me sens si seul ». (p.18)
Keith Barnes enfant avait vécu les bombardements de la capitale britannique et en avait conçu une haine contre la violence de notre civilisation comme de ses lâchetés
« J’avais cinq ans C’était un merveilleux jeu de risque / un kaléidoscope de sirènes / Des éléphants suspendus au-dessus de la Tamise / apprivoisés dociles qui touchés s’abattaient en flammes / Un jeu de vitres soufflées sur mon oreiller / de pierres propulsées à travers le plafond et le lit (…)» (p.92) « Nous qui sommes nés pendant l’Occupation / savons collaborer choisir Quisling Pourquoi résister ? / Nous avons fait place nette pour le bruit des voitures / ravitaillé les marchés en musique d’aéroport (…)» (p. 89) Le très grand mérite de la traduction de Jacqueline Starer est, sans l’alourdir ni l’affadir, de rendre plus abordable cette écriture syntaxiquement très dense.(…)
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