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Citation de AudMgt


Soixante-et-un ans se sont écoulés depuis le décès de Frantz Fanon. L’Asie et l’Afrique ont été entièrement décolonisées. L’indépendantisme a presque disparu en Martinique, Guadeloupe, Guyane et à La Réunion. En 2009, lors d’un référendum, le peuple mahorais a souverainement choisi de devenir le cinquième département d’outre-mer. Le racisme a muté, tant dans ses manifestations que dans ses origines. La guerre froide est finie, le bloc soviétique n’est plus, le capitalisme n’a plus de « rival » et un nouveau monde multipolaire, dans lequel s’affrontent démocratie libérale (États-Unis), illibéralisme (Russie) et dictature (Chine) émerge, sous fond de menace islamiste. En un mot, l’univers de Fanon a disparu. Dans le même temps, nous avons l’impression que sa pensée elle-même est oubliée, ce qui constitue la seule vraie mort pour un penseur. Qui penserait à faire entrer Frantz Fanon au Panthéon, comme cela a été le cas en 2011 pour son professeur Aimé Césaire ? Fanon s’est opposé à la France, non en tant que telle, mais en tant que puissance impérialiste, au nom des idéaux brandis par cette même France. N’est-ce pourtant pas là le vrai patriotisme ? « Les humiliations infligées par mon pays me sont plus douloureuses que celles qu’il peut subir », écrivait la philosophe anarcho-mystique Simone Weil dans une lettre adressée à Georges Bernanos. Fanon a révélé à la patrie la tache qui souille sa République et, des décennies plus tard, il n’a pas été pardonné. En Martinique, son île d’origine, on ne lui pardonne pas non plus sa « trahison » – avoir lutté pour les Algériens plutôt que pour les siens…
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