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Citations de Kévin Boucaud-Victoire (11)


Si aucun mouvement populaire autonome, capable d’agir collectivement à l’échelle mondiale, ne se dessine rapidement à l’horizon (j’entends ici par “autonome” un mouvement qui ne serait plus soumis à l’hégémonie idéologique et électorale de ces mouvements “progressistes” qui ne défendent plus que les seuls intérêts culturels des nouvelles classes moyennes des grandes métropoles du globe, autrement dit, ceux d’un peu moins de 15 % de l’humanité), alors le jour n’est malheureusement plus très éloigné où il ne restera presque rien à protéger des griffes du loup dans la vieille bergerie humaine.
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Kévin Boucaud-Victoire
Traditionnellement, il y aurait deux libéralismes. On distingue un libéralisme économique qui serait 'de droite' : chacun fait ce qu'il veut avec son argent et son entreprise. Et un libéralisme de gauche, plutôt culturel et politique : chacun fait ce qu'il veut de sa vie tant qu'il n'emmerde pas les autres. Pour Michéa, les deux ne font qu'un seul. Quand la droite prétend être conservatrice mais défend le libéralisme économique, elle favorise ce libéralisme culturel qu'elle déteste. La gauche, elle, prétend combattre le libéralisme économique mais défend le libéralisme culturel et fait le jeu de l'inverse. (Sud Radio, 17 juin 2019)
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Soixante-et-un ans se sont écoulés depuis le décès de Frantz Fanon. L’Asie et l’Afrique ont été entièrement décolonisées. L’indépendantisme a presque disparu en Martinique, Guadeloupe, Guyane et à La Réunion. En 2009, lors d’un référendum, le peuple mahorais a souverainement choisi de devenir le cinquième département d’outre-mer. Le racisme a muté, tant dans ses manifestations que dans ses origines. La guerre froide est finie, le bloc soviétique n’est plus, le capitalisme n’a plus de « rival » et un nouveau monde multipolaire, dans lequel s’affrontent démocratie libérale (États-Unis), illibéralisme (Russie) et dictature (Chine) émerge, sous fond de menace islamiste. En un mot, l’univers de Fanon a disparu. Dans le même temps, nous avons l’impression que sa pensée elle-même est oubliée, ce qui constitue la seule vraie mort pour un penseur. Qui penserait à faire entrer Frantz Fanon au Panthéon, comme cela a été le cas en 2011 pour son professeur Aimé Césaire ? Fanon s’est opposé à la France, non en tant que telle, mais en tant que puissance impérialiste, au nom des idéaux brandis par cette même France. N’est-ce pourtant pas là le vrai patriotisme ? « Les humiliations infligées par mon pays me sont plus douloureuses que celles qu’il peut subir », écrivait la philosophe anarcho-mystique Simone Weil dans une lettre adressée à Georges Bernanos. Fanon a révélé à la patrie la tache qui souille sa République et, des décennies plus tard, il n’a pas été pardonné. En Martinique, son île d’origine, on ne lui pardonne pas non plus sa « trahison » – avoir lutté pour les Algériens plutôt que pour les siens…
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Kévin Boucaud-Victoire
Droite et gauche sont plus que des camps politiques: elles sont des cultures politiques distinctes, avec leurs valeurs et leur psychologie. Au final, militants de droite et militants de gauche ne sont aujourd'hui pas près de s'extraire de ce champ. ("Gauche alternative, gauche jacobine, gauche libérale : irréconciliables, vraiment?", Le Figaro, 13/04/2017)
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Fanon inspire également un autre champ de recherche : les études décoloniales. Nées cette fois en Amérique du Sud, elles ne gagnent que les États-Unis, puis l’Europe, que dans un second temps. Contrairement aux études post coloniales, les études décoloniales postulent que toute la modernité, qui commence avec la découverte de l’Amérique à la fin du XVe siècle et se prolonge jusqu’à nos jours, est traversée par le colonialisme. C’est donc toutes les structures des sociétés modernes qu’il faut démanteler. En France, ce courant se développe autant dans le monde universitaire que militant. Le Parti des indigènes de la République (PIR), dont les figures marquantes sont Houria Bouteldja et Sadri Khiari, et l’association Décoloniser les arts, dont la présidente est François Vergès, sont aux avant-postes de cette critique.
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Ma peau noire n’est pas dépositaire de valeurs spécifiques.
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Le Noir qui veut blanchir sa race est aussi malheureux que celui qui prêche la haine du Blanc.
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« Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue “aventure spirituelle” elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité. Regardez-la aujourd’hui basculer entre la désintégration atomique et la désintégration spirituelle », écrit de manière prophétique Frantz Fanon dans la conclusion des Damnés de la terre. Comme nous l’avons vu, il estime que le racisme est le fait de la bourgeoisie des pays capitalistes, par le biais d’une domination économique et culturelle, qui provoque une double aliénation inévitable. C’est pour cela qu’il affirme : « L’aliénation intellectuelle est une création de la société bourgeoise. Et j’appelle société bourgeoise toute société qui se sclérose dans des formes déterminées, interdisant toute évolution, toute marche, tout progrès, toute découverte. J’appelle société bourgeoise une société close où il ne fait pas bon vivre, où l’air est pourri, les idées et les gens en putréfaction. Et je crois qu’un homme qui prend position contre cette mort est en un sens un révolutionnaire. »
Pour Fanon, l’homme n’est pas fait pour la soumission. Au contraire, « l’homme est aussi un non. Non au mépris de l’homme. Non à l’indignité de l’homme. À l’exploitation de l’homme. Au meurtre de ce qu’il y a de plus humain dans l’homme : la liberté. » Le but de l’écrivain est celui-là : libérer les hommes, aller vers un monde plus juste. Si le psychiatre passe tant de temps à analyser le colonialisme et ses conséquences, ce n’est pas que dans le but d’expliquer, mais de le briser…
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S’il est bel et bien un intellectuel, Frantz Fanon n’est pas de ceux qui apprécient les abstractions. Au ciel des idées, le Martiniquais préfère l’expérience sensible et c’est son expérience personnelle qui va orienter sa pensée. Son vécu, c’est celui d’un Antillais, qui a grandi dans une société dont toute la structure, des bases au sommet, est abîmée par le racisme. Mais c’est aussi celui d’un jeune Noir, parti combattre, plein d’espoir, le nazisme pour rencontrer le racisme dans le camp qui prétendait lutter contre lui. Le futur psychiatre éprouve donc dans sa chair ce que son professeur Aimé Césaire va décrire en 1950 dans son célèbre Discours sur le colonialisme : « J’ai beaucoup parlé d’Hitler. C’est qu’il le mérite : il permet de voir gros et de saisir que la société capitaliste, à son stade actuel, est incapable de fonder le droit des gens, comme elle s’avère impuissante à fonder une morale individuelle. Qu’on le veuille ou non : au bout du cul-de-sac Europe, je veux dire l’Europe d’Adenauer, de Schuman, Bidault et quelques autres, il y a Hitler. Au bout du capitalisme, désireux de survivre, il y a Hitler. Au bout de l’humanisme formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler. » Pour le poète, le Führer allemand n’est pas sorti de nulle part. Certes, la France coloniale n’est pas l’Allemagne nazie. Mais il s’agit moins d’une différence de nature que de degré. Hitler est le monstre engendré par l’Europe coloniale, qui justifie son impérialisme par des théories raciales…
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Novembre 1961, paraît « dans des conditions de semi-clandestinité pour ne pas être saisi à la sortie du marbre », un livre qui va marquer son temps, tant sur le plan politique que sur celui des idées : Les Damnés de la terre. Son auteur, Frantz Fanon, un psychiatre martiniquais de 36 ans, est condamné par une leucémie. Il décède d’ailleurs quelques jours plus tard, le 6 décembre. Rédigé dans l’urgence, l’ouvrage est néanmoins d’une rigueur rare et écrit dans un style flamboyant. Le Martiniquais se paie même le luxe d’être préfacé par le philosophe du moment : Jean-Paul Sartre. Ce que l’on appelle pudiquement en France « les événements en Algérie » approche de son terme. Ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne depuis un an et demi, Fanon veut s’adresser à ses « frères » : les opprimés – ou « damnés » – de la terre entière. La future ancienne colonie française doit servir d’exemple, tant pour la décolonisation que pour l’abolition de tout système d’oppression. Le temps presse, l’auteur n’en a plus pour longtemps, le système colonial est presque à terre et les dominés ont besoin du testament politique du psychiatre. L’oppresseur, en l’occurrence la France, mesure bien le danger et « le livre est interdit dès sa diffusion, sous le chef d’inculpation d’“atteinte à la sécurité intérieure de l’État”. […] Toutefois, le livre circule et la presse lui donne un large écho », rappelle Alice Cherki, amie proche et biographe du Martiniquais.
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« Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte. » - Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, 1952
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