AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Jean-Daniel


Paris est une fête. L’écrivain est las de cette fête ; il n’arrive plus à écrire. Il est rentré à minuit d’une soirée grotesque et n’a pas fermé l’œil de la nuit. Six heures interminables. Par deux fois il s’est couché et relevé. À plusieurs reprises, il s’est assis à sa table de travail sans parvenir à écrire le moindre mot. Il est maintenant six heures du matin et il revient vers son lit. Dehors, on entend le bruit du métro et des voitures qui passent, la rumeur des piétons ; l’écrivain est exaspéré car il a l’habitude de la solitude, du silence. Il se lève pour fermer les volets. Puis repart s’allonger.
Dans quelques instants, il sombrera dans un profond sommeil.
Une heure plus tard, dans un lieu loin d’ici où Paris n’est guère plus qu’une chimère, dans l’étrange ville de Kaboul, un matin humide d’une journée d’hiver, un jeune homme décharné sort de chez lui et se dirige vers un café de l’autre côté de la ville, au pont Rouge, pour y retrouver sa maîtresse, quand soudain une roquette s’abat sur une maison – la maison qu’il vient juste de quitter. Elle emporte pour toujours son père, sa mère, son frère et sa sœur. Pour toujours. Un incident tragique mais cependant banal, tellement banal qu’il n’en sera même pas question en route, ni dans le taxi ni au-dehors, et le jeune homme n’en saura donc rien pendant les deux heures qui suivront le drame, jusqu’à un coup de fil. Une voix brisée répète le mot sinistre : la mort.
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}