Un petit livre Bleu, bleu profond comme la mer aime à s'en vêtir le long de la pointe de Dinan à l'extrémité de la Bretagne, dans cette ambiance marine ce bleu s'accroche à mes temps libres et la mer vogue à la découverte d'un jeune anglais. Il s'est installé, près de la chapelle Saint-Michel , là Kieran Wall découvre un territoire et se découvre une passion pour la poésie, une raison de vivre. C'est un éditeur de Brest Stellamaris qui publia Amours en 2012 le premier des recueils Kieran Wall.
Kieran écrit directement en français devenue sa propre langue. Il chante cette langue avec une saveur étrangement colorée au parfum de la Bretagne, comme liée à des souvenirs puisés dans le Dartmoor, la lande mélancolique des poètes d’Armorique.
Le gris couvrant le printanier
émousse doux les verts
la pluie dans le coutumier
De soupirs en dévers.
La suite des textes que propose Kieran dans cette sombre et élégante présentation compose la lente édification d'une passion qui de fragments en rencontres le mène à une certitude, trouver l'âme sœur, sa "Reine grise assise sur le pouvoir de ses yeux."
Le poète refuse les chemins établis les espaces limités, sa quête d'amour le pousse vers ce qui est mouvant soluble aussi subtilement qu'une aquarelle, aussi aquatique que les couleurs qui diffusent comme des images insaisissables.
S'envole loin mon amertume
Dans l'étouffée du renouveau
de sa lenteur le jour s'allume
tu passes la main sur ma peau.
Peu à peu la lecture nous entraîne vers le sens de la vie et les images qui émergent laissent toutes les nuances de l'amour s'exprimer en éruptions fébriles ou profondes.
Ces courts poèmes donnent une vivacité, un bouillonnement à sa vision de l'amour, et tissent la continuité des textes qui s'imbriquent souvent les uns aux autres sans que le lecteur ne discerne le moment de la rupture ou l'écho du présent.
Dans l'ivresse de te connaître
je me délaisse, je me perds.
je pourrais presque disparaître
En toi sans commettre d'impair.p 63
Ton sourire m'est chose chère
dans le marasme d’exister
Point de limite à mes enchères
je ne peux pas te résister.p 64
Laissez vous porter par le rythme de l'océan, les flux et les reflux des vagues sur le sable, entre l'imaginaire et l'espoir. Le rythme est donné par une surabondance de rimes et des octosyllabes qui découpent l'espace en 2 fois 4 temps.
La quête de l'amour devient une partition jouée sur un piano, inspirée du Jazz, puis descend en une variation baroque que respire Bach.
On suivra la rythmique de Ache avec cache, lâche,fâche, tâche, l'Amour comme unique tâche.
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« Kieran Wall ou l'étrangeté de l'espèce La Prison de l'espèce. Cet étrange syntagme nominal qui ouvre ce nouveau recueil de Kieran Wall est à la fois la perspective d'une vérité questionnée et une embarcation surpeuplée vers un lointain, vers un fatalisme cru. Pleine d'un verbe dérangeant, d'une « voix rauque » qui naît de sa propre « abjection », cette prison de l'espèce est un saut dans l'abîme irréfragablement matériel de la vie moderne. C'est une asphyxie, une mélancolie calculée ; une danse et un rythme dérangeants qui enchantent et qui effraient. Kieran manipule un verbe impitoyablement vrai, étrange, une toile qui configure assonance et chute, silence et marche. Dans la forme et dans l'Idée de l'Homme, l'espace de cette prison est, ainsi, une marche solitaire, l'horizon d'une présence en crise, le corps de nos esprits versés dans l'abîme, et, pour cette raison, l'expression même d'une douleur perpétuelle. » (Márcia Marques-Rambourg)
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