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Citation de AudMgt


deux historiographies dominantes qui ont fixé la façon dont on pouvait le
représenter et le comprendre : l’histoire officielle dictée par le communisme d’État d’un côté, et l’his-
toire nationale de la France républicaine de l’autre. Maintenant que la Commune est libérée de ces deux lignages et de ces structures narratives écrasantes, je ne tiens pas à lui en imposer tout de suite un nou-
veau. Je préfère la laisser batifoler un moment dans la sphère de la potentialité. La fin du communisme
d’État a délivré la Commune du rôle qu’elle avait joué dans l’historiographie communiste officielle ; après 1989, elle s’est détachée de la danse dans la
neige apocryphe de Lénine devant le palais d’Hiver au 73e jour de la Révolution russe – passant le cap
des 72 jours qu’avait duré la Commune et transformant celle-ci en la révolution manquée dont la nouvelle serait le correctif. Et dans les pages qui suivent, j’entends notamment établir plus clairement en quoi la Commune n’a jamais vraiment appartenu à la
fiction nationale française, à la séquence radicale héroïque du républicanisme français, dont elle était
censée être le dernier soubresaut au xixe siècle. Si l’on prend au sérieux la déclaration de l’un des participants les plus célèbres de la Commune, Gustave
Courbet, selon laquelle, pendant la Commune, « Paris a renoncé à être la capitale de la France », il devient difficile de soutenir avec la moindre conviction l’idée que ce sont les insurgés qui ont combattu et sont morts en grand nombre à Paris qui auraient, on ne sait pourquoi, « sauvé la République ». L’imaginaire que nous laisse la Commune de Paris n’est donc ni celui d’une classe moyenne républicaine nationale ni celui d’un collectivisme étatique. Le luxe communal n’est ni le luxe bourgeois (français) qui l’entoure ni les expériences utilitaires du collectivisme d’État qui l’ont suivi et qui ont dominé
la première moitié du xxe siècle. Sans doute est-ce pour cette raison qu’un autre de ses participants, bien des années après et alors même qu’il se livrait à une analyse extrêmement critique de sa structure politique, conclut que la Commune a dressé pour l’avenir, non par ses gouvernants
mais par ses défenseurs, un idéal bien supérieur à celui de toutes les révolutions qui l’avaient précédée ; elle engage d’avance ceux qui veulent
la continuer [...] à lutter pour une société nouvelle dans laquelle il n’y aura ni maîtres par la naissance, le titre ou l’argent, ni asservis par l’origine, la caste ou le salaire. Partout le mot « Commune » a été compris dans le sens le plus large, comme se rapportant à une humanité nouvelle, formée de compagnons libres, égaux,
ignorant l’existence des frontières anciennes et s’entraidant en paix d’un bout du monde à l’autre
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