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Citation de Tempsdelecture


Le soleil déclinait. Je descendais l'escalier de la bibliothèque lorsque j'ai croisé une étudiante, vêtue d'un chemisier beige et d'une jupe jaune. Le bord des larges marches de ciment, encore imbibé par la pluie tombée la veille, était d'un gris sombre. Je l'ai regardée monter l'escalier, puis ai détourné mon regard un court instant avant de la regarder de nouveau. Je n'ai pas pu m'en empêcher. Elle était très maigre, avait le teint cireux, mais peut-être était-ce dû à la couleur de sa jupe. À mesure qu'elle approchait, je me suis rendu compte qu'elle ne portait ni un chemisier ni une jupe, mais une robe aux dégradés de jaunes, du plus clair au plus foncé : presque blanc au niveau des épaules, le tissu prenait une teinte jaune foncée, proche de la couleur d'une mandarine, en bas de la robe. À vrai dire, ce qui avait attiré mon attention, ce n'était pas sa robe, mais son visage. Ou plus exactement l'expression de celui-ci. On ne pouvait même pas parler d'expression. Son visage n'arborait rien que l'on puisse qualifier de tel. J'ai été frappée par son absence d'expression.

Cela a éveillé en moi un sentiment étrange, qu'il m'est difficile d'expliquer : jamais je n'avais vu un tel mélange chez une jeune femme, à tel point que son visage semblait une énigme. Il m'était à la fois familier et inconnu, comme si je l'avais déjà vu longtemps auparavant et comme si je le découvrais, comme si je voulais éviter de le regarder et que je ne pouvais m'empêcher de le scruter. Elle n'était ni laide ni terne. Elle était même plutôt jolie. Vêtue de sa robe jaune, le soleil rougeâtre formant un halo derrière elle, elle irradiait tel le cœur d'une immense flamme. Mais sous son apparence flamboyante se cachaient des ombres, pareilles aux bords encore trempés des marches.
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