Le livre raconte une semaine dans la vie d’une anti-capitaliste selon son point de vue. Il frappe par son rythme enlevé qui décrit principalement des actions de sabotage. Les raisons ou les perspectives de cette méthodique entreprise de destruction sont quasiment absentes, comme si al ne s’agissait plus de réfléchir, l’explication sur les méfaits du capitalisme ayant déjà donné lieu à une profusion d’analyses, en vain. Le temps du livre est donc celui du présent, celui de l’action pure, des fuites, des ripostes, des vols, de la casse, et parfois de la fête, mais d’une fête imposée à celleux qui collaborent. Lu lectaire est emportæ par cette colère d’un peuple toujours plus spolié, dépouillé et silencié, auquel on ne laisse pas d’autre choix que de se radicaliser toujours plus. Si le personnage et ses compaigns ne doutent jamais du bien fondé de leur mission, iels paient le prix fort de leur engagement contre un ennemi aussi puissant qu’un système : la souffrance physique que leur infligent leurs multiples confrontations, l’impossibilité de vivre autre chose que des moments brefs et sans cesse interrompus. Mais une indéfectible adelphité, qui traverse tout le livre, les fait tenir debout et leur apporte une joie profonde qui les transcende. Si chaque chapitre fait mal comme une tête qui frappe avec obstination contre une porte, al en ressort une sensation d’impermanence. C’est là où le livre tient les promesses de toute œuvre littéraire, c’est-à-dire d’une « adéquation de ce que l’on veut exprimer et de la manière dont on l’exprime. » disait le grammairien Marc Wilmet (cf. « Les Escapades littéraires d’un linguiste »). Dans ce livre, les qualités du style – urgence, nervosité, stabilité, répétition – traduisent le fond - nécessité de détruire un système destructeur, constance de la résistance tant que le problème ne sera pas réglé. D’ailleurs, tous les chapitres commencent par « Nous sommes », avec une exception : « Nous attendons ». Qu’est-ce que ces résistanxes attendent ? Selon la logique du livre, simplement la prochaine confrontation. Et nous savons qu’elle ne manquera pas d’arriver, nous qui vivons en 2023, dans un monde où face à la violence à l’encontre du peuple et de la planète, la colère grandit.
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