« C’est étrange, me dis-je à présent, mais même ce que l’esprit oublie, le corps s’en souvient. Le corps se souvient indépendamment de l’esprit : une façon de se tenir à côté, d’être allongée sous, d’être assise sur, d’émerger de. Le corps se rappelle les prépositions : sa position en relation avec d’autres corps. Les épaules relevées, la voix baissée. Et que chaque muscle, même la langue, peut se raidir. Ou vibrer. Qu’après que l’autre est parti, le corps continue : à côté, sous, sur, de. L’ombre, le fantôme, la trace. Habitus : seconde nature, un souvenir si profond que le corps le gardera toujours ».