Omar s’essuya la bouche tout en fixant l’homme, un fellagha hargneux et convaincu que l’Algérie appartenait aux Algériens et à personne d’autre. Un esprit fiévreux et rigide, stupide, selon Benkassem qui faisait commerce des hésitations des uns et des précipitations des autres. Il était connu à Colomb-Béchar pour arranger toutes sortes de petits trafics, aidant les militaires ou les locaux à trouver ce qui satisfaisait leur moindre désir. Armes, filles, garçons, drogues, alcools, nourriture, bijoux, il n’y avait qu’à demander à Omar Benkassem.
Mais le fellagha qui se tenait devant lui ne cherchait rien à acheter et n’avait rien à vendre, si ce n’était sa haine des Blancs et de l’étranger, de toute chose. Sa haine contre Lise Leplay et Jo Mat. Et celle encore plus tenace contre Denis Arbant qui pilotait un avion ou conduisait une jeep, et représentait le pouvoir, l’arrogance du colon. Une autre forme de liberté et de richesse.