Laurence Boissier

Pour me donner du courage, j’avais pris soin de compléter mes provisions par quelques bouteilles de vin rouge. La nuit tombée, j’avais déjà accompagné mon dîner de généreuses rasades et je décidai de descendre chercher une deuxième bouteille dans la voiture, parquée en contrebas de l’alpage. Dans le noir, je négociai en tâtonnant le petit raidillon qui mène au sentier lorsque tout à coup, l’Illumination me tomba dessus. Elle est bien nommée, il s’agit effectivement d’une lumière puissante qui vous ouvre en deux et vous transperce, préparant votre système à une toute nouvelle vie. Assommée par tant de grâce, je m’endormis sur place. Quelques heures plus tard, je me réveillai dans la rosée du matin. J’étais étendue sous une clôture électrique. Une vache me considérait d’un œil goguenard, l’air de me dire qu’il me faudrait beaucoup plus qu’une bouteille de rouge et une décharge de quatre mille volts pour m’illuminer.