Laurence Dudek

Quand on détient l’autorité, où qu’elle s’exerce, il faut en profiter pour en obtenir le meilleur. Je considère comme une mission humanitaire de faire changer la façon dont les adultes s’occupent des enfants pour les éduquer, parce que c’est contribuer à faire changer le monde. C’est la façon dont on a été élevé enfant qui détermine comment on se comporte en adulte [...] J’entends parfois des parents arguer qu’ils exercent volontairement des violences sur leurs enfants pour « mieux les préparer » (à la cruauté du monde, à une société injuste, à la concurrence, etc.). Je leur indique alors que les maltraitances fragilisent les enfants qui les subissent, elles ne les rendent pas plus forts [Contrairement à ce qu’on pourrait penser selon l’aphorisme (galvaudé) de Nietzsche « Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort », ça n’est pas la blessure qui rend plus fort quand on n’en meurt pas, mais la guérison. ] A l’inverse, les enfants qui ont été éduqués sans soumission (et sans humiliation) sont plus à même de se défendre contre les injustices (et de n’en pas infliger aux autres) que ceux qui ont été soumis à la domination des adultes. A moins qu’ils ne passent du côté des dominants et qu’ils reproduisent alors eux-mêmes ce qu’ils ont enduré. C’est pourquoi j’invite tous les parents à mesurer la responsabilité qui est la leur dans la « cruauté » d’un monde qui nous est trop souvent présenté comme une fatalité : nous avons le choix entre éduquer nos enfants à reproduire des fonctionnements violents régis par la loi du plus fort, ou construire, grâce à eux, un monde meilleur. Je crois pour ma part qu’une société qui respecte ses enfants a toutes les chances de devenir humaine, au sens le plus noble du terme. Et je crois également qu’il n’est jamais trop tard pour changer le monde, en commençant par soi-même.