Quand elle s'installait dans son cabinet, Mademoiselle d'Albrecht commençait par poser dans une coupelle ses bagues, ses pendants d'oreilles, les bracelets qu'elle portait. Il fallait qu'elle sentit ses mains nues. Alors elle s'abandonnait au mouvement de la plume qui passe sur la page, à la jubilation de former lentement chaque lettre. Ses doigts étaient autour du tuyau de l'instrument qu'ils guidaient, son poignet réglait la cadence du tracé. Les caractères sortaient des limbes, dessinaient des mots, de la pensée. Cette pensée avait le grain du papier des livres, l'odeur des manuscrits qu'elle déroulait et de l'encre dont ils étaient imprégnés. Elle était vivante. Mademoiselle d'Albrecht pensait que les livres vivaient. p 104