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Critiques de Laurent Busine (3)
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Fernand Khnopff

Ce qui m'a tout d'abord frappée dans ce catalogue de 2004, consacré à une exposition belge, ce sont les deux coups de gueule de l'Introduction et de l'Avant-propos, sur le désengagement financier des autorités vis-à-vis de l'exposition et sur la gestion des musées sacrifiée à "l'application de techniques empruntées à l'économie et à l'industrie qui rendent certains projets à hauts risques financiers quasiment impossibles à réaliser [...]." Je me rends compte que je n'ai jusqu'à présent dû lire que des catalogues d'exposition français, et, de mémoire, je n'ai jamais été confrontée qu'à du léchage de bottes dans les textes présentant lesdits catalogues, notamment vis-à-vis des généreux mécènes qui ne savent plus quoi faire de leur argent et qui voient dans leur participation à une grande expo une juteuse niche fiscale. Bref, on se rend compte dans ces deux petits textes que le problème que nous rencontrons en France sur la gestion des musées ne date pas d'hier (l'exposition Khnopff de Bruxelles étant déjà vieille de 15 ans), et que malheureusement, nous sommes loin d'être les seuls touchés par une administration néfaste à la culture ; il est ici question autant de la Belgique que du Canada, puisque le musée de Montréal s'était retiré du projet Khnopff en 2004 pour restrictions financières.



Après ce petit aparté, qui a son importance, entrons sans plus tarder dans le vif du sujet. Ce catalogue, en sus de présenter les reproductions des oeuvres de l'exposition, proposent neuf essais. Six d'entre eux, essentiellement consacrés à des thématiques artistiques propres à Khnopff, ouvrent à proprement parler le catalogue, tandis que les trois derniers s'intéressent à trois aspects de son art habituellement peu mis en avant, à savoir sa pratique de la photographie, sa pratique de la gravure et ses travaux d'illustrateur. On peut reconnaître à tous les auteurs d'avoir su aborder des thèmes, non seulement intéressants, voire carrément essentiels, mais aussi d'avoir réussi le tour de force de proposer des textes qui ne sont jamais redondants avec ceux de leurs collègues. Il me semble que c'est la première fois que je lis un catalogue où les essais se complètent aussi parfaitement, tout en formant un tout d'une grande cohésion.



Cependant, avertissons sans tarder le lecteur un peu fatigué, un peu inattentif, et qui découvrirait ce catalogue pour se retrouver confronté avec l'essai de Frederik Leen sur Khnopff et le symbolisme, essai ouvrant, en toute logique, les hostilités. Retenez ceci : vous aurez besoin de toutes vos facultés cognitives pour suivre le cheminement, certes passionnant, mais parfois légèrement (c'est une litote) ardu de l'auteur. Mais il faut bien avouer que remettre à plat la question du symbolisme et de la part qu'y a pris Khnopff, la signification de ce terme et ce qu'y ont apporté les artistes symbolistes, relève de l'inévitable. Texte par moments éprouvant, au moins pour ma petite tête, il est le socle de tout le catalogue et permet d'y voir plus clair par la suite. Il comporte notamment une analyse pointue et captivante du fameux et étrange tableau I lock my door upon myself, analyse sur laquelle on pourra plus tard se reposer - enfin ! - pour mieux comprendre l'art de Khnopff.



Je ne peux m'étendre sur tous les essais qui suivent, ce serait fastidieux. L'un traite des thèmes religieux chez Khnopff ( à prendre au sens très large, car l'ésotérisme, le paganisme, l'occultisme y ont une grande part), par un grand spécialiste de l'artiste, et un autre s'intéresse aux motifs de Bruges et de Fosset, démontrant que nostalgie et modernité ressortent du traitement de ces sujets. Suivent un texte sur les relations de Khnopff et Burne-Jones, un autre sur le motif de la Méduse, et un dernier sur le travail complètement méconnu de Khnopff sur les costumes et les décors au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Ce dernier me paraît un peu long, et aurait davantage eu sa place , à mon sens, avec les textes qui mettent un point final aux essais en fin d'ouvrage, celui sur la photographie se révélant le plus riche ; Anne Adriaens-Pannier étudie en effet à la fois la position un peu ambiguë de Khnopff sur la photographie - il m'a semblé qu'il rejoignait plus ou moins Baudelaire dans une approche pas très visionnaire de ce médium, mais sans que ce soit bien clair -, la façon dont il s'en est servi comme "recueil d'images de la mémoire vécue", et ses travaux de rehaussage : Khnopff a en effet énormément directement travaillé au crayon sur des photographies de ses oeuvres, leur donnant comme une seconde vie.



Entre les essais du début et ceux de la fin, nombre d'oeuvres reproduites donnent lieu à des analyses courtes mais assez poussées, révélant parfois une thèse très personnelle de l'auteur, lesdites analyses pouvant rejoindre celles proposées dans les essais, ou au contraire s'en détacher carrément. Cette pluralité des voix possède un intérêt particulier dans le cas d'un artiste comme Khnopff, dont les oeuvres suscitent de nombreuses interprétations - ou le scepticisme, la stupéfaction, la consternation...



Ce qui est le plus passionnant dans ce catalogue, c'est qu'on arrive à dégager, au fur et à mesure des lectures et de l'observation des reproductions, un cheminement cohérent, qui nous aide, non pas à cerner - ce serait trop facile ! -, mais à mieux appréhender l'art de Fernand Khnopff, voire sa personnalité. Il ressort de l'ouvrage que si son oeuvre et sa personne sont entourés d'une aura de mystère, c'est qu'il l'a parfaitement cultivée, et que certains critiques l'y ont largement aidé. Mais, au fil des analyses et des thématiques abordées, on comprend bien à quel point la nostalgie est, plus qu'un thème, mais une des essences même de son art. On comprend que ses tableaux et dessins furent savamment pensés, formant des énigmes - ce dont il se défendait plus ou moins par moments - aussi bien plastiques que mentales. On comprend que la femme n'est pas forcément si vénéneuse qu'elle le paraît au premier abord ; il faut dire que les critiques ont tellement appuyé sur ce thème à propos de Khnopff et des symbolistes en général durant des décennies que c'en est devenu un écran pour les appréhender (hier encore j'entendais des propos convenus allant dans ce sens sur Barbey d'Aurevilly, qui limitent complètement la compréhension de sa littérature). On comprend, enfin, que l'univers mental est à la base de tout l'oeuvre de Khnopff, univers qu'il a sans cesse reconstruit dans sa peinture, dans ses dessins, dans ses photographies rehaussées.



On arrive à la fin de cette critique, je vais donc me plaindre un peu. Des coquilles, qui émanent le catalogue et qui sont fort agaçantes - mais enfin, et malheureusement, je pourrais renouveler la même observation lors de pratiquement chacune de mes critiques. Ainsi que des citations en anglais non traduites d'Anne Adriaens-Pannier, et, pire, du poème de Cristina Rossetti, Who Shall Deliver Me, pas plus traduit que les citations susmentionnées, et qui a tout de même inspiré deux oeuvres à Khnopff, dont le sublime I lock my door upon myself. Ça serait donc pas mal qu'on comprenne de qui il retourne précisément dans le poème.



Pour terminer sur une note positive, je conseille évidemment ce catalogue, ne serait-ce que pour les reproductions, mais aussi pour ses essais très riches, et dont il me semble (ce qui est cependant difficile à juger, vu que j'ai raté l'exposition de 2004) qu'il rend compte d'une exposition plus dense et moins redondante que celle de 2019 au Petit Palais. Mais bon, voir Khnopff au Petit Palais, je vais pas faire la fine bouche, c'était bien quand même. Si on ne tient pas compte de la foule, des gens qui racontaient leur vie tout haut ou qui passaient leur temps à dire "Oh, c'est beau, t'as vu comme c'est beau, c'est beau, hein ?"





I lock my door upon myself :

https://urlz.fr/9y76



Des caresses :

https://urlz.fr/9y79



Une ville abandonnée :

https://urlz.fr/9y7a



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Des dragons et des Georges

Très beau livre composé de différentes nouvelles , il n'y a qu'une seule nouvelle ( que je ne citerai pas ) qui m'a moins séduit

Des textes originaux , éblouissants que j'ai dégusté comme un mets précieux

J'ai appris que St Georges était une fête importante en Espagne , ainsi que dans de nombreux autres pays , en Espagne , il y a une coutume très sympa qui consiste à offrir un livre le jour de cette fête , évidement je trouve l'idée géniale

Et quoi de mieux que d'offrir ce livre qui contient tous les ingrédients propres aux meilleurs livres , de l'émotion et de l'imaginaire.

Et puis bien entendu petit clin d'œil à ma région avec sa célèbre fête Le Doudou , son Saint Georges et son dragon , un livre à offrir pour faire connaître ces belles légendes .

Une variation subtile de ce mythe universel .

A lire , à offrir .
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Egon Schiele

Livre sur le peintre autrichien Egon Schiele. Belles photographies de peintures accompagnées de la biographie de l'artiste.

Egon Schiele, né le 12 juin 1890, en pleine expansion industrielle, en Basse-Autriche, près du Danube, à Tulln. Il a 3 soeurs. Mais il a aussi 3 frères morts-nés avant sa naissance, et une de ses soeurs mourra à 10 ans alors qu'Egon est âgé de 3 ans. La forte mortalité infantile de l'époque marquera Schiele dans sa vie d'artiste ; il peindra beaucoup d'enfants et de femmes à l'air maladif. Lui-même n'est pas en très bonne santé toute sa vie durant, et mourra de la grippe espagnole quelques jours après sa femme enceinte de six mois....

Il sera le disciple de Gustave Klimt, qui le prendra sous son aile jusqu'à sa mort.

Il fera partie de ce grand mouvement artistique autrichien et allemand, la Sécession. "La Sécession exige que la distinction faite entre le grand Art et les arts mineurs, entre l'art qui s'adresse aux riches et l'art pour les pauvres soit supprimée, et elle déclare que l'Art fait partie du patrimoine collectif."

Ses oeuvres sont torturés. Elles montrent souvent des corps meurtris, maigres, crus dans leurs nudités agressives. Schiele sera catalogué "érotomane", et sera censuré. Ses auto-portraits, les portraits des femmes qu'il rencontre dans la rue, sont lascifs et bruts. Pas de complaisance. En quelques traits, il nous fait ressentir toute la solitude, la fragilité et l'éphémère de l'être humain.

Un petit livre pour un grand peintre.
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