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Citation de salade_dessables


Le 3 juin, ne reculant devant aucun procédé sentimental - je fêtai mon départ d'Amsterdam sur une péniche ; le 5, je pris le train du soir pour Paris ; en l’attendant, j’eus encore plusieurs accès de crétinisme affectif, digne de cette marmelade du coeur que certains psychologues appellent “prénostalgique” ; dès lors, tout vint à moi dans un halo laiteux : le grand étalage de paumés et autres néogueux , le tapin express qui s’organise des quais aux lavabos, des clochards de de 25 ans velus comme des patriarches, flanqués de chiens crasseux, mal nourris et lunatiques. Ce sont eux les vrais propriétaires de Centraal Station d’Amsterdam, romantisais-je en mangeant du gouda ; eux qui tiennent l’accès à la cité, donc la cité elle-même. Etc. J’en étais à peu là quand un jeune lorsqu’un jeune homme vint se planter à ma droite, il jetait un coup d’oeil à sa montre toutes les dix secondes ; le pire c’est qu’à chaque fois il en était abasourdi et tenant à me le faire savoir par des promptes onomatopées. Comme s’il découvrait là, sur le cadran, qu’un bon millénaire venait juste de filer, ou que l’humanité inaugurait, à l’instant même, un âge radicalement nouveau. J’eus envie de lui demander l’heure -mais je n’en fis rien, car mon train entrait en gare, et, comme pour m’en aller dans un symbole, j’expédiai discrètement mes restes de gouda sous ses roues d’acier.
Sols, Laurent Cohen, p. 18.
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