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Citation de Magieraf


Il faut maintenant revenir vers le monde des choses qui occupent l'esprit du Consommateur. Pour celui-ci, je l'ai déjà indiqué, tout est « chose » et il n'est pas question de séparer les choses en triant celles qui sont consommables et celles qui échapperaient, en raison de leur dignité supérieure, à cette qualification. Bien au contraire, tout l'effort du Consommateur vise à étendre sans fin l'empire des biens consommables de façon que celui-ci se confonde, pour finir, avec l'univers des choses.
Cet effort se heurte à un certain nombre d'obstacles. En premier lieu, il existe dans la société des appareils organisés qui se présentent comme indépendants de l'individu et même supérieurs à celui-ci, soit en raison de la vérité dont ils sont les gardiens, soit au regard de l'intérêt général dont ils sont dépositaires. On nomme habituellement ces appareils des institutions. On citera parmi celles-ci l'Église (vue ici uniquement sous l'angle de sa fonction sociale), la Famille, l'École, l'Armée, etc. Le Consommateur déteste par principe les institutions parce qu'elles prétendent lui échapper en incarnant un « quelque chose », des « valeurs » échappant à l'intimation de consommer ou d'être consommé.
Cette détestation explique la crise générale des institutions depuis cinquante ans. Cette crise n'est pas, comme l'opinion dominante le répète, une crise due à la nécessité de « moderniser » ou de « démocratiser » ces institutions. Il s'agit en réalité, d'une tentative (réussie) du Consommateur pour dévaloriser les institutions en refusant de leur reconnaître une légitimité spécifique, et donc la faculté d'être autre chose qu'un distributeur automatique de biens de consommation. (p73 et 74)
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