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Citation de Henri-l-oiseleur


Laurent Joffrin
Marc Obregon, "Le con du jour", L'Incotidien n°51, 24 juillet 2020.

Laurent Joffrin a tout d’un Réplicant, ces cyborgs terrifiants qui hantent les pages de Blade Runner : venu d’une lointaine colonie spatiale dont il a fantasmé l’existence depuis 30 ans (la gauche) et à la recherche de l’empathie qui lui manque pour devenir totalement humain. Il suffit de s’appesantir un peu sur ses yeux bistres, qu’aucun clignement ne vient perturber, sur ce sourcil égal, peigné par la morgue du chefaillon, sur cette tête cubique sortie d’un mod de Minecraft, étalonnée par la fameuse barbe de trois jours, rehaussée ici et là par un after shave qu’on imagine à la fois suave et musqué. Laurent Joffrin, le socialiste qui voulait être un homme. Mais aimer comme un être humain n’est pas à la portée du premier réplicant venu… et malheureusement l’ADN socialiste est ancré en lui comme un parasite, une séquence atavique, une parenthèse douloureusement idéologique. Rien ne déridera jamais cet Harpagon des idées, cet entrepreneur en démolitions, rien ne dégonflera cette fulgurante baudruche empuantie par les gaz contraires de 30 ans d’histoire socialiste, 30 ans de bons et peu loyaux services, 30 ans de rose cannibale cousue à la boutonnière, de flagorneries intellectuelles répandues en flaques contrites au pied de la Mitterrandie.

L’union des Gauches ? Qui voudrait réellement s’unir sous la bannière de cette froide-pisse, qui ferait passer François Hollande pour Jim Carrey ? Engoncé dans son sérieux impayable de prêtre laïque, il n’est pas d’ailleurs pas si loin d’un Michel Onfray, qu’il doit cordialement détester : les deux affichent un manque total d’humour et d’auto-dérision, une dégaine de petit pape en sabots de la République, et dans les yeux cette lueur malingre de l’assurance malsaine, des petits arrangements sophistiques qui font cliqueter sans répit leur cerveau-machine mal huilé, entravé de vieilles poulies trotskystes et de rouages crantés. Dans une récente intervention sur une chaîne d’information en continu, interrogé sur le déboulonnage des statues et sur la menace de révisionnisme historique à laquelle l’Occident fait face, Joffrin se réclamait, au nom des peuples opprimés, d’un « droit d’inventaire ». Content de la formule, il s’est permis de la répéter plusieurs fois, sans se rendre compte que toute la méthodique saloperie du socialisme réside précisément dans ces deux mots : le « droit d’inventaire, » qui sert d’assise à la gauche et qui lui dispense de penser, de moraliser ou même d’espérer autre chose qu’une meilleure répartition des parts sur un camembert Excel. C’est précisément cette machine à compter, ce socle de prévalences quantitatives et arithmétiques qui fait du socialisme un dogme débarrassé de toute imagination humaine, de toute capacité sensible. Le socialisme est déjà, par essence, la religion des robots, la morale de l’inventaire, et Joffrin en incarne très idéalement l’épicier, autant que l’énième fossoyeur. C’est tout ce que nous lui souhaitons.

Par Marc Obregon
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