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Citation de Charybde2


L’Hôtel des Mines d’Araies était ma dernière escale avant le camp Frontex, un palace désolé datant du temps de la colonisation avec réseau satellitaire dernier cri, climatisation aléatoire et plomberie bruyante. J’ai envoyé un mot à Edward pour le rassurer et le faire rire et je me suis allongée une vingtaine de minutes sur le lit étroit ; le trajet depuis la capitale du gouvernorat dans le taxi surchauffé m’avait porté sur les nerfs, je voulais souffler un peu avant d’aller retrouver Gertrud. C’était mon tout premier reportage de ce type ; à dire vrai, j’appréhendais l’arrivée au camp.
Tout ça, l’hôtel, le voyage, avait été financé par un crowdfunding monté à l’arrachée et bouclé dans les toutes dernières secondes. Comme par miracle, juste après ça, une commande de pige était tombée de la part de la Zürcher Zeitung me demandant de pondre un papier sur les cadres supérieurs lancés dans des « vacances humanitaires », et un autre de la part des écoles polytechniques fédérales pour rendre compte de Sofar, un programme diplômant d’enseignement informatique s’adressant aux étudiants qualifiés bloqués dans les centres de réfugiés. Le monde entier conspirait à ce que je me rende à Araies, j’avais pris ça comme un signe. Je devais rester deux semaines, jamais je n’avais laissé les enfants aussi longtemps.
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