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Citation de Adan


Pour lui ce pays maudit marchait depuis bien trop longtemps sans son âme, sans seulement savoir où, sans comprendre son agonie. Et chaque année qui passait semblait l'enfoncer dans une mort plus complète et aboutie encore. Lui ne s'était jamais senti capable de se battre. N'était-il pas prêt à se laisser torcher pour continuer à faire semblant de vivre ? Il pensait que le rêve d'esclave serait le dernier et le plus fort de tous les rêves. C'était aussi le sien et il n'avait jamais eu le courage d'y renoncer. « Je ne suis que l'art d'évoquer les idées malheureuses », avait-il dit à ce fou qui lui demandait des solutions. Sa lucidité était un fardeau et son monde bien plus noir que l'incertitude. Il passait son temps à s'informer, c'est-à-dire à se faire peur, se faire mal, entretenir méthodiquement sa haine, en contaminer son entourage. Être l'effroi du réveil, venant juste après le rêve. La clé du placard où Barbe Bleue enfermait les cadavres de ses femmes. Il aurait voulu en enfant, d'abord pour lui inculquer un peu de ce mal, et laisser de l'autre côté de sa tombe comme un bagage suspect, un colis piégé, un dernier éclat d'Homme.
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