[…] Finalement, je réussis à me faufiler au plus près de la ligne jaune, à l’endroit précis où les portes de la rame s’ouvraient. Mais petit à petit, la pression de la foule augmentait. En quelques secondes, je me retrouvai encerclée par plusieurs personnes qui semblaient prêtes à m’écraser. Mes jambes se mirent à trembler, et une immense fatigue s’abattit sur moi. Je n’en pouvais plus de me bagarrer chaque jour contre mes contemporains pour entrer dans une boite filant vers les profondeurs de la terre. Je ne me sentais plus d’attaque à affronter tous ces visages tristes et épuisés, cette armée d’esclaves, de main-d’œuvre au rabais croulant sous l’obligation de faire tourner un système inhumain.
Il me sembla sentir ma colonne vertébrale parcourue d’une décharge électrique, puis la transpiration recouvrant mon corps devenir glacée. Je dus m’accrocher à la manche du jeune homme noir qui se tenait sur ma gauche. Je captai l’inquiétude sur son visage, puis plus rien, sauf le bruit sourd de ma tête heurtant le sol. […]