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Citation de pierre31


Le Roi sortit de Paris justement à ce moment, et je l’appris, à cinq heures du matin, par l’argentier de la Reine, qui me fit éveiller, et qui me donna une lettre écrite de sa main, par laquelle elle me commandait, en des termes fort honnêtes, de me rendre dans le jour à Saint-Germain. L’argentier ajouta de bouche que le Roi venait de monter en carrosse pour y aller, et que toute l’armée était commandée pour s’avancer. Je lui répondis simplement que je ne manquerais pas d’obéir. Vous me faites bien la justice d’être persuadée que je n’en eus pas la pensée. […]
... je jugeai à propos de chercher une couleur au peu de soumission que je témoignais à la Reine en n’allant pas à Saint-Germain. Je fis mettre mes chevaux au carrosse, je reçus les adieux de tout le monde, je rejetai avec une fermeté admirable toutes les instances que l’on me fit pour m’obliger à demeurer ; et, par un malheur signalé, je trouvai, au bout de la rue Notre-Dame, Du Buisson, marchand de bois, et qui avait beaucoup de crédit sur les ports. Il était absolument à moi ; mais il se mit ce jour-là de fort mauvaise humeur. Il battit mon postillon ; il menaça mon cocher. Le peuple accourut en foule, renversa mon carrosse ; et les femmes du Marché-Neuf firent d’un étau* une machine sur laquelle elles me rapportèrent, pleurantes et hurlantes, à mon logis. Vous ne doutez pas de la manière dont cet effort de mon obéissance fut reçu à Saint-Germain. J’écrivis à la Reine et à Monsieur le Prince, en leur témoignant la douleur que j’avais d’avoir si mal réussi dans ma tentative.

*étau : étal.
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