Myriam en a parlé à Paul et elle a été déçue de sa réaction. Il a haussé les épaules. « Mais je ne savais pas que tu avais envie de travailler. » Ça l’a mise terriblement en colère, plus qu’elle n’aurait dû. La conversation s ’est vite envenimée. Elle l’a traité d’égoïste, il a qualifié son comportement d’inconséquent. « Tu vas travailler, je veux bien mais comment on fait pour les enfants?» Il ricanait, tournant d’un coup en ridicule ses ambitions à elle, lui donnant encore plus l’impression qu’elle était bel et bien enfermée dans cet appartement.
Une fois calmés, ils ont patiemment étudié les options. On était fin janvier : ce n’était même pas la peine d’espérer trouver une place dans une crèche ou une halte-garderie.
Ils ne connaissaient personne à la mairie. Et si elle se remettait à travailler, ils seraient dans la tranche de salaire la plus vicieuse: trop riches pour accéder en urgence à une aide et trop pauvres pour que l’embauche d’une nounou ne représente pas un sacrifice. C’est finalement la solution qu’ils ont choisie, après que Paul a affirmé: «En comptant les heures supplémentaires, la nounou et toi vous gagnerez à peu près la même chose. Mais enfin, si tu penses que ça peut t’épanouir... » Elle a gardé de cet échange un goût amer. Elle en a voulu à Paul.