Il considérait que les livres étaient en quelque sorte des êtres vivants, comparables à nos patients d’une certaine façon, les voyant comme des enveloppes pleines d’histoires parfois belles, parfois terribles, qui ne demandaient qu’à surgir lorsqu’on savait les convoquer. La vie secrète qu’il voyait dans chacun des livres qu’il possédait expliquait, comme pour les femmes, sa difficulté à s’en séparer. Dans un cas comme dans l’autre, le risque était d’interrompre le cours d’un récit en perpétuelle évolution et par essence infini, et de sonner le glas d’une histoire toujours à venir qui nourrissait son existence, et la justifiait aussi.
L’abandon était au-delà de ses forces.