Leo Perutz

Cet ancien colonel Volochine voulait mourir. La vie lui était devenue un fardeau. Jour après jour, cette même douleur, ancrée dans sa poitrine ; la nuit, il ne pouvait pas trouver le sommeil. C’était quelqu’un de dur, dur avec lui-même, dur avec les autres. Ce n’est que lorsqu’il pensait à elle qu’il se sentait petit et faible. Il s’était passé du temps depuis qu’il avait appris la nouvelle, dix mois, presque un an. Rien n’avait changé. Il ne pouvait toujours pas s’empêcher de penser à elle, il y avait toujours cette douleur lancinante dans sa poitrine, cette douleur qui ne voulait pas cesser.
Il avait dix-huit ans de plus que sa femme. Elle s’appelait Iéléna Petrovna. Elle était si gaie, si jeune et insouciante, elle traversait la vie comme si c’eût été une verte prairie.