Sous les images délitées, même quand des rêves il ne reste que des cendres, brillent des éclats de vie que le temps a épargnés. Et s'il suffit désormais de se retourner pour connaître l'avenir de ces enfants insouciants, on se prend à espérer du bonheur aux destins égarés, histoire de rétablir l'équilibre avec les existences sabordées.
Martin a la tête du bon copain, toujours prêt à rendre service pour masquer ses complexes, pour compenser ces fautes qu'au fond de lui, sans vraiment en avoir conscience, il pense devoir expier. Quelles fautes me direz-vous ? La faute de ne pas être le plus beau, encore moins le plus intelligent, de ne pas être, tout simplement, d'abord celui qu'on attendait, puis celui qu'on attend. Alors il donne.
Il aime verser le whisky dans l'écrin de cristal et regarder les facettes se colorer d'ambre. Il remplit le premier verre à moitié. Toujours. La perspective du plaisir s'en trouve allongée, c'est ainsi qu'il ouvre le bal. Puis il hume les arômes délicats avant de les laisser fondre sous la langue. Tout doucement.Une valse à trois temps, en musique. La suite est beaucoup moins romantique. Il glisse progressivement dans le fauteuil et s'endort au troisième service, détendu, libéré après avoir refait le monde.. Au matin, en revanche, la réalité reprend le pouvoir et s'impose dès le réveil, souvent plus dure que la veille, allez savoir pourquoi...
Chaque pas repousse l'assaut des idées noires, la mélancolie est refoulée. Provisoirement.
J'ai bien conscience de la fragilité de cet état, du caractère presque illusoire de la sérénité affichée. Il y a comme un grain de sable qui parfois vient enrayer le fil de mes pensées. Mais je résiste. La fin des vacances m'est souvent insupportable, je le sais. Je me soigne à coup d'ultraviolets et d'instants figés sous la rétine, mon stock de diapositives, en quelques sorte.
Dinan, à l’image des cités animées, s’enveloppe, le soir venu, d’un fumer qui guide le pas du voyageur affamé. Les courants d’air brassent des odeurs de cuisine variée et l’on ne sait bientôt plus dans quelle venelle s’aventurer ni sur quel trottoir s’arrêter pour manger car les restaurant aux portes encore fermées soumettent le nez à des choix difficiles.
Sous les images délitées, même quand des rêves il ne reste que des cendres, brillent des éclats de vie que le temps a épargnés. Et s'il suffit désormais de se retourner pour connaître l'avenir de ces enfants insouciants, on se prend à espérer du bonheur aux destins égarés, histoire de rétablir l'équilibre avec les existences sabordées.
Hier, il avait eu peur.
Très peur.
La mort, l'agonie font pourtant partie de son quotidien. Mais là, ça dépassait l'entendement. Il se souvient de la fraicheur parcourant son corps des pieds à la tête, des poils hérissés sur ses bras, du frisson, enfin, s'échappant de lui comme une salamandre d'un feu de bois.
Je n'ai pas vécu ces moments ; on me les a contés. Oui, « contés », c'est mieux que « raconter ». Ça permet une approche différente de la vérité. On adapte les faits selon sa sensibilité, en laissant une place au doute quant à l'authenticité des propos.
Il n'y a pas que l'eau qui lave, le débit peut devenir temporel et se compter en année, en décennie, en siècle ; selon le nettoyage à effectuer, selon le crime à enterrer. Toute vérité est-elle bonne à dire ? Pour qui, pourquoi ?
Sans bétas, pas d'alpha
Il en a croisé des vies et des visages