La philosophie de Berkeley, celle de Leibnitz, celle de Kant, celle de Hegel lui-même ont-elles achevé d'épuiser la signification du « Je pense, donc je suis » ? Qui oserait l'affirmer ?
Campanella rédige ses principaux ouvrages entre 1589 et 1611 ; jusqu'en 1639 il les remanie, les complète, les publie, et il en écrit de nouveaux. Ainsi, contemporain des dernières années de Télésio, de Giordano Bruno, de Montaigne et de Pierre Charron, ami et correspondant de Galilée qui appartient, ainsi que Kepler et Francis Bacon, à la même génération que lui, il assiste d'une part à la formation définitive du naturalisme panthéistique de la Renaissance italienne, d'autre part aux premiers essais de science sérieuse, fondés sur l'intime fusion des mathématiques et de la méthode expérimentale.
Du vivant même de Descartes, les amis et les adversaires du philosophe lui ont maintes fois signalé de curieuses analogies entre certains textes de Saint-Augustin et les passages de ses écrits où, par le Coijito, ergo sum, il tentait d'échapper au doute méthodique et de démontrer l'existence de l'âme immatérielle.
La physionomie de Campanella, poète, astrologue et conspirateur, auteur d'une utopie sociale et défenseur de Galilée, chef d'une révolte communiste et champion infatigable de l'idée d'une religion naturelle et universelle, serait déjà à ces divers litres extrêmement attachante pour l'historien.