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Citation de Rusen


Chaque campagne électorale, qu’elle soit présidentielle, législative, régionale, cantonale, municipale ou européenne, exhibe et ressasse à l’infini toutes les tares de l’exercice démocratique. Les mêmes mensonges sont resservis avec la même impudeur, parce qu’il y a longtemps que les politiciens ont adopté le fameux adage : «Plus c’est gros, plus ça passe.» On prétend contre toute évidence être ce qu’on n’est pas, et on cache soigneusement ce que l’on est. Un vieillard milliardaire et raciste devient un « candidat antisystème ». Un défenseur de toutes les valeurs conservatrices se mue en « candidat de la rupture ». Les pires tenants de l’ordre sécuritaire et des valeurs familiales traditionnelles assurent qu’ils sont de gauche. D’anciens ou de futurs ministres se découvrent soudain les porte-parole de la protestation anticapitaliste, et font concurrence aux révolutionnaires officiels des partis bureaucratiques.
Pourtant, le pire n’est pas dans cette collection d’arguments absurdes et de débats sans queue ni tête. Le pire n’est même pas dans la manière dont, une fois de plus, ce qui se passe vraiment dans ce monde est occulté par le rappel de la dernière formule assassine échangée au cours de la campagne. Non, le pire est dans le fait que tout le monde se rend bien compte que tout ceci est vain.
Au lendemain des élections, rien n’a changé. Les exploités sont toujours exploités, et les riches restent riches. Les nécessités de la valorisation capitaliste continuent de ruiner, lentement mais sûrement, les possibilités de survie à la surface de cette planète. La politique internationale reste dominée par la force, la ruse, le diktat : et si les camps en sont moins lisibles qu’à l’époque de la guerre froide, ils sont bien là pourtant, avec d’un côté les « démocraties occidentales » et les États-Unis en tête, et de l’autre ceux qui prétendent s’opposer à leur « impérialisme » mais font régner dans leurs rangs un ordre plus brutal encore. La politique intérieure, à quelques nuances près, demeure la même : lois répressives pour les pauvres, expulsion pour les sans-papiers, cadeaux fiscaux aux entreprises. Même le plus trotskyste des candidats ne pourrait rien changer à cela si, élu par quelque miracle, il n’était capable de renverser ce qui est à la racine de l’exploitation. Mais cela, aucun gouvernement n’a jamais pu le faire, tout simplement parce que n’est pas le pouvoir qui possède la possibilité de dissoudre l’être même du pouvoir.
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