"Mandela et moi" (Actes Sud, 2010) de Lewis Nkosi s’apparente à une arnaque marketing. Arnaque réussie grâce au titre du livre qui vous donne l’illusion que vous allez lire un puissant récit autour, au minimum du Grand Mandela, ou tout du moins une histoire sur l’apartheid et la souffrance vécu par le peuple Sud-Af. Il n’een est rien. Ou presque. D’apartheid il n’est quasiment jamais question et Mandela, bien que omniprésent, n’est en fait qu’une espèce d’ombre, un fond d’écran Windows que l’on a devant les mirettes sans le voir.
Lewis Nkosi nous introduit dans la vie de Dumisani, jeune zoulou du petit village de Mondi, dès son plus jeune âge. Le livre est un voyage à travers le temps, de la tendre enfance de ce garçon tant espéré par les parents, Mhziwake et Makhize, a ses premiers émois d’adolescent (notamment son initiation à la branlette par son cousin plus âgé ; mythique ! lol), a sa vie d’adulte faite de travail, de fornication, de femmes, de sexage, d’amis et, toujours, de luxure. Et au milieu de tout cela, il y a Mandela. Dumisani est une groupie totale du grand homme. Dès son plus jeune âge Mandela est pour lui l’exemple ultime à suivre, le modèle de courage, de charisme, de masculinité autour duquel le jeune homme, puis l’adulte bâtit sa vie et sa relation aux autres. Surtout sa relation aux femmes.
Mandela est l’ultime modèle mais il est plus une image, une espèce de personnage super-héros de BD qu’un être personnifié. Dumisa suit les combats de Mandela de loin, via des rumeurs et des journaux bas de gamme. L’apartheid n’est qu’un fond sonore qui rarement impacte ce qui est vraiment ce livre : une plongée dans le réel d’une Afrique de sud noir et des villages. Loin des combattants de la liberté en pleine action, Lewis Nkosi nous rappelle que, au-delà des combats, les sud-africains, en ces temps de durcissement des lois racistes, avaient une vie, des cultures riches, des mœurs éclectiques. Via Dumisa nous rencontrons des personnages hauts en couleur qui tentent de vivre sans se focaliser sur les relations difficiles avec les Boers.
Les blancs sont à peine présents dans ce livre, si ce n’est ce prête maitre d’école (Le père Ross) qui nous permet de voir le rôle difficile de l’église et de l’école quand le gouvernement de l’apartheid leur demander d’enseigner le séparatisme aux élèves. Les touristes européens, friands d’exotisme sont les seules figures blanches qui semblent impacter directement le jeune Dumisa, via, surtout dans la façon qu’il a, avec ses amis, de les tourner en ridicule, dans leur dos.
Le point fort de ce livre, est dans le fait de nous faire connaitre mieux ce peuple zoulou des années soixante, et est dans sa chute. J’ai adoré la fin totalement inattendue et jouissive (c’est le cas de le dire) de l’histoire de Dumisani, ex président du "Football Club Mandela", qui a 46 ans a eu la vie des plus extrêmes des groupies, digne des fans les plus barges des Lady GaGa ou autres Britney Spears.
(complet sur http://www.loumeto.com/mes-lectures/article/mandela-et-moi-ou-le-carnet-de)
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